Oasis - The Shock Of The Lightning



Transport. Motorways and tramlines. Starting and then stopping. Taking off and landing. The emptiest of feelings. Sentimental drivel. Climbing onto bottles.

vendredi 1 février 2008

Television - Marquee Moon


C'est une idée répandue.C'est une idée répandue que la scène punk anglaise a été de meilleure qualité que celle de New York. Clash et Pistols d'un côté. Suicide et Ramones de l'autre. Pourtant la réalité est tout autre. 1977 donc. Année destroy. Année "No-futur". Année capitale aussi. White Riot et God Save the Queen sèment le chaos outre-manche. Mais de l'autre côté de l'Atlantique, la Grosse Pomme n'est pas en reste. Le CBGB. Haut-lieu de la contre-culture new-yorkaise. Théâtre de la réponse américaine à la déferlante anglaise. Des concerts sulfureux. Les amplis à fond. Les guitares désacordées. Drogues et décadence. Puis une poignée de groupe. Ramones, les vétérans de Suicide, la poétesse-punk Patty Smith, Blondie, les Talking Heads, les poupées trash des New York Dolls et Television donc. Le moins punk des groupes punks. A la base, deux guitaristes de génie. Richard Lloyd et Tom Verlaine. Puis un 45 tours. Sorti dès 75. Little Johny Jewell. 14 minutes réduites à 7. Lloyd ne veut pas d'un single aussi long. Lou Reed himself essaie de convaincre Verlaine que c'est un suicide commercial. Le Lou en connait un rayon depuis Berlin. Verlaine persiste. Il ne s'en vendra même pas 2.000. Pourtant les prestation scéniques du groupes tapent dans l'œil des représentants d'Atlantic. A l'hiver 1975, Television pars donc pour un essai dans les locaux de la maison de disque. Mais sur place, une session est déjà en cours. Keith Richards mixant les bandes de Black & Blue. L'ingénieur du son est dépassé. Las, il demande au groupe de poser les instruments en studio. Mais les voix seront enregistrées depuis la cabine de contrôle. Forcément. Une fois que les dirigeants d'Atlantic viennent écouter le groupe, tout est déréglé. Refus poli. Le directeur d'Atlantic, Ahmet Ertegun dira à Lloyd "Votre musique vient d'une autre planète". La guitariste prendra ça comme un compliment. Il trouve ça cool dit-il. Un coup dans l'eau. Television ira finalement signé chez Elecktra responsable des brulots des Stooges.

En avril 1977 sort donc Marquee Moon. Le meilleur album de l'underground new-yorkais. Un album à la limite du Jazz parfois. Coltrane rôde. Mais pas un album punk. Television fait pourtant parti de la scène. Ils ont l'esprit punk. La musique non. Les morceaux flirtent avec les 10 minutes. Le disque est truffé de solo de guitares. Car oui. Tout Marquee Moon est contenu dans cette entrelacs de solo joués à l'endroit, à l'envers et parfois dans l'autre sens aussi. Ce duel de 6-cordes entre les deux solistes. Lloyd et Verlaine nous concoctent des mélodies en spirale d'une grande virtuosité. Preuve qu'il existe parfois de bons musiciens dans le mouvement punk. Le titre d'introduction, See no Evil - première des 8 charges de ce disque parfait- nous plonge de suite dans l'ambiance. Un riff hypnotique et c'est parti. Verlaine nous annonce la couleur "I get Ideas". Car oui Verlaine est avant tout un poète. Il reconnait lui-même qu'il ne sait pas chanter. Oui, d'entrée l'autre chose qui frappe c'est le chant. Il agresse. Se laisse le temps d'être apprivoisé. Le premier solo est lâché. Le disque est lancé. Puis l'hymne Venus et sa guitare lumineuse. Le son est clair. La rythmique sèche, mais efficace. Andy Johns, le producteur dépêché par Atlantic saigne encore plus le son. Tout est pris sur le vif. En live. Les musiciens eux-mêmes ne sont pas prévenus. Si Friction s'oublie peut-être plus facilement c'est pour laisser le temps de souffler avant le morceau éponyme. Le morceau central. Ce Marquee Moon de plus de 10 minutes. Tout part de ce riff simple. Répété à l'infini. Puis le morceau s'emballe. Tout s'enchaine. La batterie s'accroche. Puis le chant de Verlaine rentre en scène. Puis dès le refrain, la première salve est lancée. La guitare commence ses premières acrobaties. Le rythme s'accélère. Puis c'est l'explosion. Les deux 6 cordes s'emmêlent. Se cherchent. Se perdent. Partent dans des contrées inexplorées. Les riffs sont démontés, joués sans ordre. Le tempo s'accélère puis se ralentit. Les montagnes russes. Puis retour sur Terre. Sur le riff central. Verlaine achève I go out again . Puis on re-décolle. Le bien nommé Elevation. Sa rythmique entrainante. Frisson garantis. Puis la ballade. Le slow. Le magnifique Guiding Light -Do I, Do I? belong to the night? - une pause. Parfois naïve. Le plus souvent sereine et lumineuse. Puis Prove it. Le titre rappelle que le disque possède des relents du Punk. Incisif et simple. Dans l'esprit, le texte est plus engagé. Puis, le final. Torn Cutain. Les paroles sont ici plus nihilistes. Tears... tears rolling back the years/Years... Flowing by like tears/Tears holding back the years. Un dernier morceau de bravoure. On éteint la Televison.


L'album entier est magique. Aujourd'hui encore, quand on lui demande son secret, Verlaine répond nonchalant: "You know, it's just two guitars, one bass and one drums". La suite est connue. Un second album raté qui signe la fin de l'Adventure. Le groupe se sépare l'année suivante. Verlaine poursuivra une carrière solo. Le groupe se reformera en 1992 pour Capitol et laissera un album éponyme. Marquee Moon reste la grandiose marque dans l'histoire d'un groupe éphémère.

Une étoile filante. La plus belle de toutes.


  1. "See No Evil" – 3:53
  2. "Venus" – 3:51
  3. "Friction" – 4:44
  4. "Marquee Moon" – 10:40
  5. "Elevation" – 5:07
  6. "Guiding Light" – 5:35 (Lloyd, Verlaine)
  7. "Prove it" – 5:02
  8. "Torn Curtain" – 6:56
Sortie Avril 1977
Enregistrement A & R Studio, New York, 1976
Genre Art Punk
Durée 45 minutes 49
Label Elecktra
Producteurs Tom Verlaine/ Andy Johns





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