Oasis - The Shock Of The Lightning



Transport. Motorways and tramlines. Starting and then stopping. Taking off and landing. The emptiest of feelings. Sentimental drivel. Climbing onto bottles.

lundi 24 mars 2008

Love You Lou




A vrai dire, j’avoue volontiers que je réécoute aujourd’hui sans mal tout les albums de Lou Reed. Même les plus mauvais et il y en a. Mais pas Transformers . Trop évident ou facile. Pourtant j’ai ressorti la chose hier. Et je vais être honnête. Cela faisait longtemps qu’en dépoussiérant un album je n’avais pas été autant bouleversé. Même si je préfère de loin Berlin ou Coney Island Baby , force est de reconnaitre de cette plongée au cœur du New York des années 70 en compagnie du Rock’n’Roll Animal est sublime. Parfaite de bout en bout. Lou signe une performance sans faute tout du long. Un disque paradoxal Transformers . L’album de tout ses (seuls ?) succès. Vicious, Perfect Day, Satellite of Love et... Walk on the Wild Side bien sur. Tout est là. C’est ce morceau qui comporte le plus grand paradoxe de Lou. Comment a t-il bien pu signer un des plus grands succès des 70’s sans jamais avoir une culture du single et bien au contraire ? Et puis par quelle miracle un chanson qui évoque les prostituées et les dealers de Broadway a t-elle bien pu arriver en tête des charts en plein milieu des 70’s ? Ça je pense que même Lou lui-même ne le sait pas. Et puis il y a cette sublime conclusion. Goodnight Ladies. Ce morceau où Lou joue le crooner désabusé, accompagné par une impeccable section de cuivres. Parfait. Vraiment.

Je parlais tout à l’heure de Berlin . Le successeur de Transformers . Aujourd’hui chef d’œuvre certifié mais flingué littéralement par les critiques de l’époque ce qui lui avait valu le droit d’atterrir tout droit dans les bacs a soldes. C’est vrai, Lou raconte tout le temps un histoire à travers ses disques. Mais aucun d’eux ne possède la cohérence et l’éclatante noirceur de Berlin . L’album de tout les superlatifs. Le plus déprimant. Le plus noir. Une face B qui ne nous laisse que des larmes. Mais surtout le meilleur album de Lou Reed. Un des meilleurs des 70’s aussi. Il émane aujourd’hui un tel culte autour de cet album que cela en devient vite agaçant. Mais il faut se rendre à l’évidence. C’est lumineusement noir et réellement glauque. Autant, Transformers célébrait les années glam et été produit par un David Bowie pas franchement déprimé, autant Berlin est un vrai disque (de) malade. Produit lui par l’ingénieux génie Bob Ezrin. Coupable entre autre du Killer d’Alice Cooper et plus tard du Wall De Rog...Pink Floyd.

Bon alors pourquoi je fais aujourd’hui cet article splendidement inutile et que je vous ennuie avec mes histoires ? A vrai dire je ne sais pas trop. En fait si. Il faut savoir que Lou Reed a été un des personnages les plus importants de l’histoire du wock’n’woll et qu’il est toujours bon de lui rendre hommage (Lou si tu m’entends...). Toujours en avance de 10 ans. Avec le Velvet et Berlin donc. Mais, malheureusement, il est comme tout les monstres sacrés du rock sur le déclin. Il s’empiffre aujourd’hui en tournant avec Berlin. Il devrait d’ailleurs remettre ça cet été un peu partout en Europe. Ce mercredi sort même un film sur cet album culte, réalisé par Julian Schnabel. Oui tout cela est bien triste je vous l’accorde. Mais que voulez-vous ? Il faut bien transmettre le relais aux générations futures. C’est à ce prix que l’on vit aujourd’hui encore les fantastiques histoire du Lou. Puis il y a cette remarque qui n’est que trop vrai de je ne sais plus qui. I play on your team anyday Lou.

jeudi 20 mars 2008

Mark Lanegan - I'll Take Care of You




Mark Lanegan. On connait tous. Les Screaming Trees. Sa collaboration avec Josh Homme chez les Queens of the Stone Age. Et même sa carrière solo qui devrait bientôt accouché d’un nouvel opus, seconde collaboration avec Iso Campbell. Pourtant dans la carrière de l’atypique songwritter il reste un disque. Merveilleux. Oublié. Poussiéreux. Tout comme les chansons qu’il renferme.

I’ll Take Care of You . Aussi surprenant que cela puisse paraitre c’est un disque de reprises. Uniquement. Et pourtant. Un disque sublime. Où le ténébreux songwritter rend hommage au folk et au blues. Et donc à travers des chansons qu’ils n’a pas écrites. A vrai dire, on s’en doutait un peu. Mais cette fois c’est sûr. Mark a tout d’un érudit. Pas du genre à choisir des classiques. Exit Dylan ou Neil Young. Il sera donc question de Tim Hardin, Buck Owens ou Steven Harrison Paulus. Ces noms ne vous disent rien ? A vrai dire moi non plus. Il y en a même qui n’ont aucune réponse sur Google. Au lieu de simplement étaler sa culture musical, le beau Mark signe un disque magique et atemporel. Des chansons crasseuses et brutes interprétées par le timbre parfait de Lanegan.

Des reprises et un style qui change. Oubliez les précédents albums. Oubliez les Screaming Trees et leur grunge bruyant. Song for the Deaf et son hard-rock. I’ll Take Care of You est un disque sombre. Beau à en pleurer. Tout est clair dès le premier morceau. Carry Home. Un titre dépressif au possible. Pour les longues après-midi de pluie. Les matins de cuites. Les froides soirées d’hiver. Le son est chaud. La voix de Lanegan rassure et entraine. Une ballade dans l’Amérique profonde en compagnie du poète. La route défile. Les verres qui s’enchainent. Et Lanegan. Hypnotique. Qui nous captive. Toujours. Cigarettes, Whisky & Lanegan . Un adage qui conviendrait parfaitement. I’ll Take of You révèle une facette plus sombre de son auteur. Un univers noir. Dépressif. Mais digne. Lanegan ne gémit jamais. Il reste debout.

A l’écoute d’un titre comme Creeping Coastline Of Lights, on se dit qu’il ne s’est vraiment pas trompé dans le choix des morceaux. Un homme de gout. Définitivement. L’interprétation est parfaite. Les cuivres de Consider Me. La voix de fumeur de Lanegan. En soit, avoir (re)découvert de tels trésors rend l’ensemble aussi méritant que de les avoir soit même composés. Un univers plus calme. Mais pas bucolique pour autant. C’est la tempête sous des aspects enchanteurs. Une façade. Seulement. Car les titres sentent parfois la colère. Laissent apparaître le visage tourmenté de l’américain.

Personnage attachant, Mark Lanegan arrive à recréer avec la musique des autres son propre univers. Beaucoup de drogues et d’alcool et un indéniable talents. Un univers tourmenté. Que l’on voudrai voir creuser. Plus souvent. Avec ses propres chansons. Loin du boucan de son groupe d’origine. Ce n’est malheureusement que rarement le cas Quelques titres avec une rythmique plus enjouée offre un peu de répit. C’est toujours aussi beau et plus ou moins dépressif ("Shiloh Town"). Lanegan rend hommage au folk. Soit. Il est pourtant intéressant de constater que d’autres musiciens punk ou grunge avant lui ont toujours exaltés leur attirance pour le folk. Joe Strummer ou Cobain entre autres. Mais l’américain pousse plus loin. Il n’est pas rare qu’il sorte des disque folk plus apaisés. En solo. Toujours.


Pourtant, aucun ne parvient a recréer l’univers unique de I’ll Take Care of You . Son meilleur disque. Tout simplement. Mais également l’un des meilleurs des années 90. Un trésor oublié. A garder précieusement. Que l’on sort parfois. Que l’on hume délicatement. Pour mieux replonger la fois suivante.

mercredi 19 mars 2008

Neil Young - Trans



Souvenez vous. De cette époque déjà lointaine. Le temps du dépoussiérage du vocodeur. Des expérimentations par ordinateurs. Détrompez-vous. Je ne veux pas vous parler de la French Touch. De Moon Safari ou de Discovery . Ni même de la vague techno de la fin des années 1980. Mais aujourd’hui je compte bel et bien vous parler de...Neil Young ! Je vous vois déjà arriver avec votre air surpris "C’est quoi ce machin ? Arrête de raconter n’importe quoi !" Et pourtant. Trans-portez vous en 1983....

Date où sort ce disque. Remarquez au passage la conjecture historique magnifiquement défavorable. Un album détruit par une critique qui n’avait une nouvelle fois rien compris. Trans est pourtant un album passionnant. D’un point de vue musical et historique. Mais il faut bien le dire. En 1983 l’ami Neil ne va pas fort. Il y a de quoi. Sa femme découvre une tumeur. Il apprend que son deuxième fils est atteint d’une maladie mental encore plus grave que celle du premier. Mais on le sait. Neil Young a un cœur d’or. Il va mettre au point ce disque. Un projet un peu fou. Afin de contrer la solitude. Et même, dit-on, pour tenter de communiquer avec ses fils. Au départ Neil Young a une idée bien tranchée. Chaque chanson doit être accompagnée d’un clip afin de former une trame narrative.

Je le dit dès maintenant. Trans est un des meilleurs albums du loner. J’aime ce disque. David Geffen manifestement pas. Ce dernier lui avait pourtant donné une liberté total. Après Island in the sun , il refuse Trans . Il part. Il accuse le canadien de saboter sa carrière. Il avait tort. Comme tout ceux qui ont massacré Trans . Car Young a une nouvelle fois 10 ans d’avance. Les nostalgiques des ballades de On the Beach ou de Tonight’s the Night peuvent sortir. La suite se fera à coup d’ordinateur, de vocodeurs et de synthés. En ce début de décennie, Neil Young sonne comme Kraftwerk, préfigure Daft Punk et Chemical Brothers. Mais ce projet n’intéresse personne. Neil Young se retrouve en position d’incompris. Le signe des grands disques. Lou Reed, qui en connait un rayon sur le sujet, en est la preuve vivante (Bon, ok à moitié vivante). Geffen accorde le strict minimum a Young d’un point de vue financier. Le canadien doit se résoudre à abandonner l’idée des clips. Son entourage veut donc le décourager. Qu’importe. Le loner est décidé a faire cet album. Mais le public va également l’abandonner. Trainé dans la boue. Neil Young se retrouve seul. Encore un peu plus. D’un point de vue commercial Geffen avait raison. Il est vrai que Trans est un album difficile. A comprendre. A cerner.

Il y pourtant ce titre "normal" en piste 1. Little Things called Love. Le seul où la voix du loner n’est pas vocodée. Pourtant. Le titre est le moins intéressant. Pas foncièrement mauvais. Mais un peu poussif. Son refrain en chœur est banal. Young le reproduira sur un album entier sur l’affreux Everybody’s Rockin’ . Sorti la même année il été censé faire oublier la déception engendrée par Trans . Il n’en fut rien. Les 8 titres suivants ne ressembleront pas à cette pâle copie des gloires passées. Le titre suivant Computer Age change de registre. On croirait à une piste de Discovery. L’intro de One More Time sort de là. Un titre fabuleux à vrai dire. Défendu par des montagnes d’électronique, Neil Young prépare sa réponse aux détracteurs. Chevauchant ses machines comme des chevaux. A l’assault. Sèche et froide. Tel sera une nouvelle fois la réponse. Le public n’aimera donc pas Trans.

Aujourd’hui encore. L’heure de la réhabilitation n’a toujours pas sonnée. Neil Young s’en fiche pas mal. Il persiste même à dire que Trans fait parti des albums préférés de sa discographie. Le monde pense encore que Trans n’est que cet album bizarroïde et franchement barré, certes mais sans charme. Cela aurait pu l’être. A part une poignée de curieux ou d’irréductibles fans, personne n’a ne serai-ce que cherché a comprendre. Combien dans ceux qui ont détruit cet album l’ont réellement écouté ? Car c’est album est une pépite. Encore plus si on le replace dans son contexte.

Même caché derrière des montagnes de technologie, le loner n’a jamais paru aussi dénudé. Aussi seul. A part peut-être sur Tonight’s the Night quelques années plus tôt. Deux grandes périodes de solitude qui donnent lieu à des albums splendides. Parmi les tout meilleurs de Neil Young. Qui est capable de ne pas sombrer à l’écoute des superbes Transfromer Man ou Hold on to Your Love ? Même amputé, Trans sonne comme une cathédrale sonore sublime ou l’on serait les premiers à pénétrer. Ça sonne encore neuf. Grandiose. Si on laisse nos aprioris à l’entrée, s’impose un constat. Neil Young a composé l’album le plus novateur des années 80. Ces morceaux qui frisent souvent les 10 minutes ne sont jamais, au grand jamais, lourds ou indigestes.

Trans est à l’image de son auteur. Visionnaire, sincère et intelligent. L’ensemble aurait pu sonner affreusement daté. Comme un bon nombre de films de S-F de cette époque qui se voulait alors moderne (2001 : L’odyssée de l’espace ? Quelqu’un ?). Il n’en est rien. Il sonne aujourd’hui toujours aussi moderne. Il aurait pu sortir hier et n’aurait pas à pâlir de la comparaison avec ses contemporains. Qu’es-ce qu’on a besoin de Justice quand on a des albums comme ça ? Personne n’ose l’avouer. Mais combien sont-ils a avoir une dette envers Trans ?

C’est une certitude. L’album sera à coup sûr réhabilité. Dans 3 jours ou 10 ans. Peut importe. C’est de tout façon un disque qui se savoure avec la durée. La légende ne dit pas si Neil Young est réellement arrivé à communiquer avec ses fils. Sinon ? On a trouvé la plus belle pochette de tout les temps. Voilà une seule chose qui n’a pas besoin du temps pour s’apprécier. On en est là.



  1. "Little Thing Called Love" – 3:13
  2. "Computer Age" – 5:24
  3. "We R in Control" – 3:31
  4. "Transformer Man" – 3:23
  5. "Computer Cowboy (AKA Syscrusher)" – 4:13
  6. "Hold on to Your Love" – 3:28
  7. "Sample and Hold" – 5:09
  8. "Mr. Soul" – 3:19
  9. "Like an Inca" – 8:08
Sortie 29 décembre 1982
Recorded 24 Septembre 1981 - 12 Mai 1982
Genre CQFD...

Durée 44:26

Label Geffen

Producteurs Neil Young, Tim Mulligan, David Briggs

dimanche 16 mars 2008

The Kills - Midnight Boom





Elle. Une voix superbe. Charmeuse. Une classe à tout épreuve. Lui. Glamour. Salement doué. Complément idéal à la première. Quand les Kills ont débarqué. Tout était clair. Keep On Your Mean Side . Nous sommes en 2003. Dans la foulée des White Stripes, une série de duos émerge. De partout. De nulle part. La plupart se contentent de copier les glorieux aînés. Pas les Kills. Trop honnêtes. Trop doués. Trop malins. Une rythmique rapellant Suicide. Une fièvre sexuelle jamais vue depuis Jesus & Marys in Chain. Une voix rauque qui doit tant à PJ Harvey. Et un blues qui d’instinct sonne White Stripes. Désespérément rock. Tout le monde est d’accord. The Kills rafle la mise dans un monde qui pleure les Libertines. Puis en 2005, les Kills remettent leur titre en jeu. No WoW . Et là, tout devient trouble. Les avis sont divisés. On remet même en cause leur victoire de 2003. Vulgaire redite d’un premier album flamboyant ? Confirmation que le duo est bien l’un des groupes les plus talentueux apparu depuis le début des années 2000 ? Arrogants ? Sincères ? Le groupe devient le plus grand sujet de discorde depuis l’Affaire Dreyfus. Et j’ironise à peine.

Smoking Kills ....

Les Kills sont de retour. Depuis plus d’un mois. Deux singles lâchés dès février. Le moins que l’on puisse dire c’est que les Kills ne vont pas rallier adorateurs et détracteurs. U.R.A Fever et Cheap & Cheerful sont sujets à toutes les critiques et à toutes les louanges. Mais on ne va pas parler de cela. Puisque de toute façon personne ne partage le même avis, pourquoi en parler ? Parlons du premier album, puisque c’est la seule chose sur laquelle le monde est d’accord. Ou même. Imaginons le prochain. Soyons fous. Parlons de la vie de Jamie "Hotel" Hince qui s’affiche au bras de Kate Moss. Ou de celle plus tranquille d’Alisson "VV" Mossart. Mais ce n’est pas cela que vous voulez. Hein ? Vous le voulez mon avis sur ces deux singles ? U.R.A Fever alors, Ça vous convient ça ? D’accord. Ce bruit de téléphone qui ouvre. Les paroles sont murmurées. Incisif et puissant ? Poussif et sans intérêt ? Une ligne de basse sèche. Fiévreux. Enivrant. La libido excitée au maximum. Finalement. Les Kills ont réussi. Un sommet absolu ou un ratage total ? Il vous faudra choisir. Sans compromis. Puis on remet ça avec le second single. Preuve indéniable de bon goût ou horrible morceau calibré FM ? Et ce clip. Superbe inspiration pop-art ou vulgarité sans égale ? Bref. On l’aura compris, on va débattre encore longtemps. Mais là est toute la classe des Kills. Quel meilleur choix de single aurait été possible pour promouvoir cet album ? Un coup marketing. C’est bien peu diront certains. C’est parfait pour commencer diront les autres.

La vidéo de U.r.a Fever, controversé premier single de Midnight Boom

Car il faut maintenant parler du reste de ce Midnight Boom . Commençons par...les reproches. De suite. Afin de satisfaire les détracteurs. Il y a un titre réellement mauvais. L’affreux Getting Down. Et...et ? C’est tout. Alors on résume. On écarte les deux singles alignés d’entrée en plage 1 et 2. Et ce Getting Down donc. Car à part ça, ce Midnight Boom est exempt de tout reproche. On retrouve la voix d’Alison appuyée par l’impeccable rythmique de Jamie. Les giclées de guitares. Les hurlements du chant. Et quand les voix sont couplées on retrouve cette ambiance malsaine des précédents albums. C’est toujours intense. Urgent. Mais The Kills révèle ici son côté plus pop. Mais quand ça explose, c’est pour de vrai. Un génial M.e.x.i.c.o rappelle, comme si il y en avait besoin, que le duo est un groupe rock. Un vrai. Moderne. Leurs chansons sont urbaines. Ce fantastique What New York Used to Be. Génial hymne à la défonce. « In the water, shot of ecstasy/ Secrets in the open bottle/ Feed it, don’t believe it/ Just leave it ». Les guitares sont acérées. Les boites à rythme basiques mais méchantes. C’est brut. Midnight Boom aborde le plus souvent des thèmes simples. Parle de choses de tous les jours. Amours, dépressions, stress. Mais avec classe et élégance. Comme à l’habitude. Drogues, cigarettes et cafés. On imagine bien l’ambiance dans laquelle a été enregistré ce troisième album. Peut-être moins torturé et malade que ses prédécesseurs. Quoique. Il n’en reste pas moins un disque tourmenté. Moins crasseux que No WoW . Soit. Le garage a laissé entrer des sonorités presque radiophoniques. Mais c’est toujours diablement efficace. Last Day of Magic témoigne de cette nouvelle approche musicale. Et ça n’empeche pas les Kills de tout emporter sur leur passage. Le nihilisme en moins. Le détachement en plus.

Et la vidéo de Cheap & Cherful, second simple tout aussi controversé

Mais la solitude est encore grande. Deux intermèdes en mid-tempo sont disposés entre les titres. Black Balloon tout d’abord. De la folk-pop touchante et sublime. Mais ce titre ne fait qu’esquisser les contours de cette conclusion magique. Goodnight Bad Mornings. Ici, tout est parfait. Le titre déjà. Une ballade au teint blafard. La lumière est faible. Au petit matin. L’éternité devant vous. Un titre qui n’a pas fini de vous hanter. Conclusion parfaite d’un bien bel album. A écouter à minuit. Alison : « Le moment où la lune se lève et où tout le monde va se coucher » Midnight Boom . Tout est là.


1. U.R.A. Fever
2. Cheap and Cheerful
3. Tape Song
4. Getting Down
5. Last Day of Magic
6. Hook and Line
7. Black Balloon
8. M.E.X.I.C.O.
9. Sour Cherry
10. Alphabet Pony
11. What New York Used to Be
12. Goodnight Bad Morning

vendredi 14 mars 2008

Elbow - The Seldom Seen Kid


Elbow. Une bande de musiciens névrosés. Toujours outsider. Plus par choix que par manque de talent. La pop anglaise dans tous ce qu'elle a de plus défaitiste a offrir. Un groupe bien curieux qui a connu un superbe départ avec Asleep From Back. Puis est venu la confirmation grâce à Cast Of Thousands durant l'été 2003 avant s'affirmer définitivement avec Leaders Of The Free World deux ans plus tard. Quand on a connu ce début de carrière presque trop parfait, que peut-on espérer? Une discographie sans faute pour les 5 mancuniens. Pourtant, à l'heure des bilans Elbow frappe encore plus fort. The Seldom Seem Kid, dernier album en date du collectif est un régal. Le premier disque d'automne de cette, décidément surprenante, année 2008 arrive dès la mi-mars et on ne va pas s'en plaindre.

La délicate pop parfaitement anglaise qui se dégage des albums d'Elbow leur a tour à tour valu le statut de descendent de Pink Floyd, successeur de Radiohead et concurrent de Coldplay (Beurk!). Bien loin de ses considérations de rock-critics fatigué, le quintette a décidé de faire le point dans son œuvre avant la sortie de ce cinquième opus. Trois ans et un changement de maison de disque ont été nécessaire à la réalisation de ce The Seldom Seem Kid. Concrètement. Qu'es-ce qui a changé dans la musique des mancuniens? Quitte a tuer le suspense dans l'œuf, on va l'avouer tout de suite. Pratiquement rien.

On le sait, la formule est à peu près la même depuis Asleep From Back. Aucun virage radical n'a été engagé cette fois encore. On retrouve donc toujours cette pop élégante qui a fait la réputation du groupe.Néanmoins, en 5 albums, Elbow n'est jamais tombé dans le redit. Cela ne changera pas non plus. Car en procédant par petites touches la musique est suffisamment renouvelée pour garder le plaisir intact. La production est ainsi plus lourde et la voix magnifique de Guy Garvey se retrouve encore un peu plus sous les projecteurs. On comprend dès le titre inaugural, Starlings, une cavacalde de cuivres nous accueille avant que les instruments trouvent le chemin du placard pour faire place à la voix du leader. Les anglais auraient-ils troqués les guitares et les lourdes rythmiques contre un orchestre symphonique? CQFD.Depuis 2005, un album semble avoir marqué Elbow. On retrouve un peu partout les marques du Roots & Echoes des voisins de The Coral. Oui. C'est une évidence, Guy Garvey chante comme James Skelly et ce The Fix ressemble à s'y méprendre au Music at Night des liverpuldiens.


Ground for Divorce, premier single de ce cinquième album des Mancuniens

Une grandiloquence assumé semble avoir pris place dans la musique d'Elbow. Ce Some Riot, bien moins remuant que son titre, et ses arrangements presque pompeux rappelant le Philadelphia de Neil Young, On a Day like This et son orchestration qui fait écho au Harvest du même canadien . Ou encore cet évident premier single, Ground for Divorce. Mais jamais, au grand jamais, ces arrangements n'agacent. Ou plutôt si. Elbow et cet album agace car il est presque trop parfait. Ce Audience with the Pope trop beau pour être honnête. Pourtant ici et là quelques mélodies plus simples, plus nues. Cela ne les rend que plus belles (Mirroball).

Elbow joue pour le plaisir de jouer et cela s'entend. Sincère et brute sous ces arrangements, Elbow symbolise le groupe de pop anglais tel qu'il devrait toujours être. Honnête, sans chercher à courir après les récompenses. Diamétralement opposé aux Arctic Monkeys et autres Babyshambles. La simplicité. Toujours. Ajoutée à de talentueuses orchestrations lyriques. Passé les délires politiquo-ecolo-engagé du dernier opus, le quintette signe avec The Selbom Seen Kid son œuvre la plus aboutie et la plus cohérente. Déprimant sans être geignard, doux sans pour autant ressembler à Coldplay, cet album est une vraie bouffée d'air frais. Comme seule la pop anglaise peut en offrir. Un des titres de l'album s'appelle Weather to Fly. C'est exactement ça.

Au final, The Seldom Seen Kid propose la même différence avec ses grands frères que le Coca Zéro et le Coca Light. Presque aucune. On emballe juste ça différemment et on fait un nouveau produit. Ici un disque. Ils auraient pu se foutre de notre gueule. Ce n'est pas le cas. Car c'est finalement toujours agréable et rafraichissant. A consommer instantanément et sans modération. On achète, on écoute -ou l'inverse suivant la légalité du moyen avec lequel vous vous procurez l'album...- et on apprécie. Les 5 lads de Manchester ont réussi leur coup. Comme toujours.

  1. Starlings
  2. Bones Of You
  3. Mirrorball
  4. Grounds For Divorce
  5. Audience With The Pope
  6. Weather To Fly
  7. Loneliness Of A Tower Crane Driver
  8. The Fix
  9. Some Riot
  10. One Day Like This
  11. Friend Of Ours
  12. We're Away
Sortie 17 Mars 2008
Enregistrement 2007
Label Fiction Records

mardi 11 mars 2008

Adam Green - Sixes & Seven




Je dois l'avouer, cette année 2008 commence bien. Elle a déjà offerte sa flopée d'albums rock (Black Mountain), pop (Goldfrapp, Girls in Hawaii), blues (Black Keys) et même un superbe BO avec le There will be Blood de Jonny Greenwood. Ces albums sont tous excellents. Rien à redire. Pourtant. Il manque un grand album. En observant le début de la promotion 2008, je n'en vois pas. Il leur manque tous quelque chose. Un soupçon de ce qui fait la différence entre un très bon album et un album indispensable. Ce début de mois mars accouche de l'un d'entre eux. Au fond de la classe, toujours, un timide sourire. Adam Green, Sixes & Seven. Pas celui qu'on attendait le plus il faut le dire. Surtout pas après le flop de Jacket Full of Danger. Autant tuer le suspense dès maintenant. Ce cinquième album du songwritter new-yorkais est superbe. L'album de la maturité déroutant, passionnant où Adam chante cette Amérique qu'il aime tant. En 1 mot comme en 100, j'adore ce disque. C'est grave docteur?

Avec cet album, Adam Green risque bien de changer de dimension. On le connaissait sautillant, volontairement vulgaire mais réellement bidonnant. Il a définitivement grandi. Certes il ne se déguisera plus en lapin rose et abandonne son statut de héros rigolo de la scène anti-folk new-yorkaise (Américaine?) mais s'engage dans une nouvelle voie au moins aussi passionnante. Il termine une mutation engagée avec Gemstones. Oubliez la pop décalée et balancée à 100 à l'heure des premiers albums. Tout a changé. Jacket Full of Danger était maladroit. Soit. Mais nécessaire. C'était une étape indispensable dans la mue du new-yorkais. Ces changements sont matérialisés dès le premier titre. Festival Song et sa cavalcade de chœur. Le songwritter s'entoure en effet d'une chorale gospel, symbole de son évolution. Une manière de rendre hommage à Brooklyn? Surement. Mais ce qui frappe d'avantage c'est la voix. Dans la lignée du dernier album. En encore plus grave et mature. D'instinct on pense au Lou Reed de Transformer ou même à Julian Casablancas. D'un coup il passe du stade d'adolescent attardé à celui d'adulte lucide ayant traversé toutes les étapes de la vie. Il n'y a finalement qu'une seule tentative de renouer avec les gloires passées. Le premier single, le kitch mais irrésistible Morning After Midnight. Mais même dans ce titre parfait le nouveau visage d'Adam éclate au grand jour. Disque dandy, le bonhomme s'attaque aux crooners qu'il admire. Une collection de chansons impeccable dont ne tarde pas à émerger une réelle cohérence après quelques écoutes.

Adam Green a toujours été un songwritter productif. Sortant presque un disque par an -"Comment faire moins quand c'est son métier?"- ce Sixes & Seven, qui pour la première fois a eu droit à une gestation plus longue, comporte 20 titres et aurait presque pu faire office de double album. Généreux comme toujours. Il y a au moins ça qui ne changera jamais. Bon alors bien sûr sur en 20 titres et 50 minutes, on retrouve quelques morceaux dispensables (Exp. 1, Cannot get Slicker, That Sounds like a Poney ou la ballade un peu niaise Getting Led). Mais c'est presque mieux. Les autres morceaux sont tellement irrésistibles que sans ces -rares!- baisses de régimes on aurait pu crier à la concurrence déloyale. Et c'est à peine exagéré tant ce cinquième album possède de pépites. En témoigne la mélodie parfaite du génial Twee Twee Dee. Le nom du titre vous fait rêver? Vous allez être servi, les paroles sont encore plus irréelles et impénétrables qu'à l'habitude. Ainsi chante t-il "Courageous doofus by design(!?) / Blankets filled with iodine (!?)" sur un rêveur Tropical Island. Les critiques sont pourtant faciles et pourrait reprocher à Green les faciles Getting Led ou Broadcast Beach, mais cela fait pourtant parti intégrante de sa musique.

Une seule fois, le dandy partage sa chanson avec une voix totalement étrangère, non noyée dans des cœurs. Dans le splendide Drowning Head First, peut-être le meilleur morceau de l'album, il apporte une touche de féminité. Accompagné d'une section de cuivre ce titre est une merveille. "I think we have a Terrible Problem" chante t-il dans ce dernier. C'est tellement vrai. Comment dire qu'un album du new-yorkais, si souvent décrié pour des motifs parfois puériles, est absolument génial sans devenir risible? Il faut pourtant se rendre à l'évidence. Malgré quelques défauts, ce disque est sincère et charmeur et s'avère vite indispensable.

Morning After Midnight


Même si il laisse tomber les pop songs acidulés et grivoises comme Choke on a Cock?, il n'a pas pour autant perdu tout sons sens de l'humour. En témoigne ce Be my Man lumineux ("Could Tom and Jerry be my Man?"). Il arrive pourtant a être touchant à l'instar du mélancolique It's a Fine ou de ce presque nihiliste Homelife ("I wish I was Dead"). Adam Green signe ici son meilleur album. Classieux et élégant, des chansons glamour pour qui recherche une pop 4 étoiles qui ne se prend jamais vraiment au sérieux. N'en déplaisent à certains, Adam Green est en train de s'imposer comme l'un des songwritters majeurs de l'Amérique moderne. Les détracteurs ne se rangeront surement pas. Ils ratent pourtant le meilleur album de ce début d'année. Tant mieux pour nous. Tant pis pour eux.


1. Festival Song

2. Tropical Island
3. Cannot get Slicker
4. That Sounds like a Poney
5. Morning after Midnight
6. Twe Twe Dee
7. You get so Lucky
8. Getting Led
9. Drowning Head First
10. Broadcast Beach
11. It’s a Fine
12. Homelife
13. Be my Man
14. Grandma Shirley and Papa
15. When a Pretty Face
16. Exp.1
17. Leaky Flask
18. Bed of Player
19. Sticky Ricky
20. Rich Kids

Sortie 11 Mars 2008
Enregistrement New Jersey
Durée 49 Minutes 13
Genre(s) Indie Pop/Folk
Label Rough Trade

samedi 8 mars 2008

Air - Moon Safari




Versailles. Une banlieue chic peu propice à l'évasion. Dunckel rencontre Godin. Les deux étudiants côtoient De Crécy , Gopher et les deux moitiés de Daft Punk. Souvenez-vous. L'explosion de la French Touch. Première reconnaissance internationale de notre musique hexagonale depuis Gainsbourg. Dès 1997 les Premiers Symptômes apparaissent. Un maxi en témoignage des débuts de cette glorieuse époque. Puis l'année d'après Dunckel et Godin qui sont devenus Air commettent un premier album. A vrai dire le meilleur de tous. Il n'y a jamais vraiment eu de compétition. De suite les deux solistes jouent dans une autre dimension. S'embarquent dans un safari céleste. Moon Safari donc. Comme le nom va bien. Un titre parfait. Comme le reste. De la pop élégante sur fond de musique électronique. Dès le départ Air trouve son son. Une pop naïve parfois bougrement futée. Air agace. Comment deux fils de riche peuvent ils sortir un tel album. Coup d'essai, coup de maitre. Une sortie dans 40 pays. Un top 10 chez nos amis anglais. Sexy Boy et Kelly Watch the Stars. Tout une époque.

Un instrumental parfait en ouverture. La Femme d'Argent. Un titre mielleux qui glisse l'auditeur dans un somptueux décor. 7 minutes rêveuse, point de départ de cette formidable épopée. Air fait taire les critiques parfois puériles et méchantes. Qui repartent pourtant de plus belle. En incrustant deux singles faciles et accrocheurs cités plus haut. Evident en dépit d'une indéniable subtilité. Deux singles en locomotives de cette fusée en partance pour la lune. Air n'en demandait pas tant. Deux arbres cachant une forêt autrement plus intéressante. Sur fond de voix électriques, accompagnées de guitares lentes et discrètes et de paroles minimaliste, Air invente quelque chose. De la musique spatiale. Air fait de la musique spatiale. Il n'y a pas meilleure adjectif pour désigner cet album au titre décidément bien choisit. Bons princes, JB et Nicolas invitent quelques privilégiés dans ce premier voyage sur la lune depuis Apollo 17. Beth Hirsch qui sublime les mélodies en faisant des vocalises sur You Make it Easy et All I Need. Et David Whitaker en grand chef d'orchestre, arrangeur de cordes qui organise la musique des français. Melody Nelson n'est jamais loin, mais malgré la somme d'influence colossale qu'ils brassent le duo arrive à en faire sortir quelque chose de nouveau. Tels des architectes sonores.

Aucun titre n'est dispensable. Pourtant on ne retrouve pas le génie de La Femme D'argent jusqu'à Ce Matin là. Sublime ode à la ville ou à la campagne - c'est au choix - ce titre parfait à la beauté fatale repose et transporte. Une mer de la tranquillité en quelque sorte. Une autre trouvaille de Air. Le vocodeur. Curieux instrument déformant les voix. Le groupe va le sortir du placard. Personne n'en avait utilisé depuis bien des années. Remember -"Remember together/Souviens toi/Ce jour là toi et moi" Des paroels riches et complexes!- et Kelly Watch the Stars profite donc de cette géniale re-découverte. Mais le voyages est turbulent. On retrouve quelques trous d'Air(s). Talisman et New Star in the Sky. Titre moins enlevés et réjouissant que le reste. Malgré ces turbulences, Moon Safari reste le meilleur album de groupe. Certains préfèreront le psychédelisme naissant des Virgins Suicides ou les expérimentations sonores de 10.000 Hz Legend mais Moon Safari reste un témoignage inestimable. Un album qui marque un changement d'époque et qui enterre tout le monde, l'album ultime de la French Touch. Chacun a son Moon Safari mais dans tout les cas, plus beau sera le périple plus dur sera le retour sur Terre.

Et quand l'odyssée arrive enfin à son terme, Air tire sa révérence sur un ultime instrumental magique. Le bien nommé Le Voyage de Pénélope. Nous sommes Pénélope. Moon Safari. Notre voyage.

1. La Femme D'argent
2. Sexy Boy
3. All I Need
4. Kelly Watch The Stars
5. Talisman
6. Remember
7. You Make It Easy
8. Ce Matin-là
9. New Star In The Sky
10. Le Voyage De Pénélope

Sortie 19 janvier 1998
Durée 43:51
Genre(s) musique électronique
Producteur(s) Air
Label Source/ Virgin Records