Oasis - The Shock Of The Lightning



Transport. Motorways and tramlines. Starting and then stopping. Taking off and landing. The emptiest of feelings. Sentimental drivel. Climbing onto bottles.

jeudi 14 février 2008

Radiohead - Ok Computer




Ok Computer.
Il y a de ces albums qui marquent à vie. Laissant une trace indélébile. Ces albums qui au delà d'être une référence reconnu de tous sont vos albums. Intime. Personnel. Malgré leur caractère presque biblique. Ok Computer signifie tellement de choses. Le coup du grand album donc. Encore. 11 ans déjà. Même pas mort. Toujours à tourner sur notre platine. Le disque du siècle?

Pourtant qui aurait cru quelques années auparavant que Radiohead aurait un jour pu sortir ce disque ? Le quintette aurait pu être le groupe d’un tube. Creep. Un déferlement sur les ondes. Un jouet devenu incontrôlable qui a vite fait d’ensevelir le groupe. Comme quelques années années avant le Smell Like Teen Spirit de Nirvana. Le meilleur moyen de couler un groupe. Radiohead va se montrer subtil. Va enterrer ce hit. Rebondir plus loin. Plus fort. Ce sera The Bends en 1995. Un rock taillé pour les stades. Un succès qui ne plaît guère à Yorke. Pourtant. C’est un mal nécessaire. Après la tournée qui s’en est suivie Parlophone donne carte blanche au groupe. Radiohead a gagné son duel avec les majors et les médias. Il va pouvoir enregistrer l’album qu’il souhaite. Un manoir anglais du XVe. Le groupe. Nigel Goodrich aux manettes. Tout électronique est dégagé. Seule compte la musique. C’est dans cette ambiance flippante qu’est enregistré ce disque. Un univers froid et hostile. Tout comme l’album en lui même. On rentre donc dans le temple. A l’entrée on nous donne un Airbag. En prévision de la tempête qui arrive ? Un riff simple. Menaçant. On retrouve peut-être quelque chose de The Bends . Le son est pourtant différent. Plus travaillé. Plus mature. Aidé par la production parfaite de Nigel Goodrich. La rythmique métronomique de Phil Selway fait son effet. Johny Greenwood et Ed O’Brien mettent en place leurs guitares. L’esprit est angoissant. Mais pourtant. On se sent bien. C’est là tout le paradoxe de Radiohead. L’ambiance n’est jamais chatoyante. Plutôt hostile. Repoussante. Mais on est attiré. Presque bercé. Le morceau suit son cours. Une alternance Couplet/Refrain classique. Puis sur sa fin le morceau s’accélère. Se désintègre. On brûle à l’approche de l’atmosphère de la planète Radiohead. Un final noisy et agressif. On est arrivé. L’épopée peut commencer.

Une montagne se dresse déjà devant nous. Paranoid Android. Premier single. Imposé par Radiohead à Parlophone. Une tentative d’échapper à la radio et à sa dictature des formats. Une odyssée à l’intérieur de l’album. Menée par la guitare de Greenwood. Elle est triturée. Dans tout les sens. Alliant habilement arpèges, acoustique et distortion. “Please could you stop the noise, I’m trying to get some rest”. La chanson décolle. Grimpe. Paranoid Android est une chanson complexe. Nihiliste et noire. Puis c’est le déchainement. Le rythme s’accélère. La charge est lancée. “Why don’t you remember my name ?” La voix de Yorke hurle. Les guitares attaquent de tout les côtés. On est cernés. On ne peut plus résister. Alors on fuit.

Une rupture.

On plonge dans l’eau. Une eau glacée. Tentant d’échapper à cet univers oppressant. “Rain down, rain down/ Come on rain down on me/ From a great height”. Puis on est rattrapé. Le titre repart. Atteint une nouvelle fois les sommets. Nous lessive. Avant de nous jeter en pâture au reste du monde. Car que l’on ne s’y trompe pas. Ok Computer est un album difficile. Il faut une nombre d’écoutes considérable pour arriver à saisir toutes les émotions qu’il peut procurer. Car oui. Le disque regorge d’émotions. Belles. Complexes. A l’image de leurs auteurs. Les pensées noires qui parsèment Ok Computer font penser a un Pink Floyd névrosé. Sparklehorse en plein cauchemar. Mais, au-delà d’exprimer des émotions humaines, Ok Computer décrit la société. Notre société. Robots, police de la pensée, stress et effets de masse sont des thèmes dominants. En témoigne cette fabuleuse course entre l’homme et la machine dans le clip de Karma Police. L’artwork de l’album, splendidement mis en scène par l’énigmatique Stanley Donwood, reste mystérieux. Pourtant, on en distingue rapidement les lignes de force. Toujours les mêmes thèmes. Obsédant. Yorke va même jusqu’à supplier les extraterrestres de l’emmener vers un monde meilleur dans Subterranean Homesick Alien. Toute cette haine que le groupe exprime envers notre monde culmine dans Filtrer Happier. Interlude délirant décrivant la vie trop rangé, trop "comme il faut" que les individus vivent. “Eating well (no more microwave dinners and saturated fats)/ A patient better driver/ A safer Car ( baby smiling in back seat/ Sleeping well (no bad dreams)/ No Paranoia”. C’est cette sensation de mal-être, qui donne à l’album ce côté si particulier. Cette sensation d’étouffement atteint par deux fois son paroxysme. Exit Music (for a film) tout d’abord. Une grande ballade. Un morceau superbe. Dépouillé. D’un noir d’encre. Le morceau lui-même décrit une fuite. C’est exactement ce que l’on ressent. On s’échappe. On est dérobé à la réalité. La voix fragile de Thom Yorke entraine le morceau. “Wake from your sleeps/ The drying of your tears/ Today we escape”. Radiohead frappe juste. Toujours. Le décor se met à changer. La voix de Thom se fait menaçante. Les guitares croisent le sabre. La route est barrée. Enfin le morceau redescend. “We hope that you choke that you choke/ We hope that you choke that you choke/ We hope that you choke.. that you choke”. Cette voix qui glace le sang....

Mais Radiohead a tout compris. Ils remettent ça. Climbing up the Walls. Mais cette fois-ci on ne triche pas. On ne triche plus. Pas un moment de répit. Une atmosphère écrasante. Dès les premières mesures on tente de fuir. Une nouvelle fois. Mais une logique implacable nous accable. La tension monte encore. Jusqu’à l’insoutenable. Les murs se referment. Claustrophobie. Puis c’est l’explosion. Pour le première fois la voix de Yorke hurle plus qu’elle ne chante. Un cri qui nous donne la chair de poule. Glacial. Superbe. Puis on ne sait plus qui des guitares ou de la voix crient. La tension retombe. La vertigineuse descente vers les abîmes s’achève enfin. Lentement. On est mis à nu. Grandiose vraiment. Radiohead est aujourd’hui un des seuls groupes capable en une chanson de procurer de telles émotions. De toucher juste la où il faut. Ok Computer est un album de contraste. On l’a dit. On le sait. Après un Exit Music poignant ou ce Climbing up the Walls éprouvant, on passe aux calmes Let Down et No Surprises. Verdoyantes plaines après les grottes et les canyons. Enfin libérés. Singles beaucoup plus évident en dépit de la complexité et de la subtilité de leurs architecture. Pourtant rien n’est jamais totalement calme. Le clip de No Surprises nous renvoie à ces sensations d’enfermement. La tête de Yorke dans un bocal. L’eau qui monte. Doucement. Et qui se vide. Juste avant l’asphyxie. Belle allégorie du sentiment qu’éprouve les cinq membres du groupes. Bien sûr Radiohead doit beaucoup. Au 1984 d’Orwell et autres inquiétantes dystopies qui forment sa trame narrative. A Nick Drake, Pink Floyd et autres Joy Division pour le côté musical. Mais avec Ok Computer , Radiohead touche au sacré. C’est maintenant à son tour d’inspirer des générations entières. Des groupes d’horizons divers qui doivent tous quelque chose à Radiohead. De Midlake à Tv on the Radio en passant par Coldplay et Air. Ok Computer est plus qu’un album. C’est un manifeste capital. Ouvrant des horizons infinis au groupe. A la musique des 90’s et 00’s toute entière.

Mais dans tout cela ne réside toujours pas LA réponse. Pourquoi on aime tant ce disque ? Car c’est un disque humain. S’adressant directement à nous. Touchante. Une prairie. A chaque écoute re-découverte. Comme si on était les premiers à l’explorer. La bande son d’une vie. En réponse à la question rhétorique du début d’article, je réponds. Finalement. Oserai je ? Oui. Ok Computer est bel et bien l’album du siècle !


  1. Airbag
  2. Paranoid Android
  3. Subterranean Homesick Alien
  4. Exit Music (For a Film)
  5. Let Down
  6. Karma Police
  7. Filtrer Happier
  8. Electioneering
  9. Climbing Up the Walls
  10. No Surprises
  11. Lucky
  12. The Tourist
Sortie 16 Juin 1997
Enregistrement Somerset, Angleterre, Janvier-Avril 1997
Genre Rock?
Durée 53 minutes 30
Producteur Nigel Goodrich
Label Parlophone








mardi 12 février 2008

The Raveonettes - Lust, Lust, Lust


Depuis les États-Unis qu’ils ont préféré à leur Danemark natal, le duo le plus sexy de la planète revient avec une suite du Pretty in Black de 2005. Voix Blanches, guitares saturés et lunettes noires. Toujours à deux. Les Raveonettes sont de retour !

Lust, Lust, Lust donc. On est tout de suite en droit de se poser la question. Le duo noisy peut-il se renouveler ? Car même si le précédent opus était impressionnant de maitrise, la formule commençait à s’essouffler. Toujours les mêmes influences à mi chemin entre le Velvet et My Bloody Valentine. Des pop songs 60’s noyés dans un déluge de guitares saturés. Le tout toujours contrôlé. On a un peu peur. Peur que la formule soit arrivée au bout. Peur de l’ennui. De la lassitude. Les danois ont toujours été plus ou moins boudés par le public. Et pour cause. Il faut rentrer dans cet univers décalé, trouble, sombre. Un univers très référencé également. On se prépare. On plonge dans ce disque.

Les premières notes de Aly Walk with Me nous rassurent. Cette ballade hypnotique qui ouvre l’album offre un concentré de génie. Un rythme lent, oppressant et lascif qui nous plonge dans l’ambiance. La voix à la fois inquiétante et angélique de la très jolie Sharin Foo en fait une chanson presque irréelle. L’univers du despote et leader Sune Rose Wagner est retranscrit à merveille. Des influences digérées. Le duo aurait pu se contenter d’en faire la somme et de les recracher telles quelles comme le font la plupart des groupes actuels. Cela aurait été correct et personne n’aurait crié au plagiat. Tout l’album est baigné dans ce savoureux mélange entre pop et noise. Ces 12 titres aussi sexy qu’addictifs sont un vrai régal. Lust, Lust, Lust pourrait être la parfaite bande-son d’un film noir. Sombre et homogène. Incroyablement classe. Une esthétique à tout épreuve. Dans ces conditions, difficile de faire des titres qui se détachent du reste. Difficile de faire des titres à fredonner sous la douche. On retiendra pourtant le franchement pop You Want the Candy, logique premier simple, tellement addictif. L’ensemble sonne incroyablement rétro. La production volontairement bâclée. Un vrai groupe indie les Raveonettes. Ne s’étant jamais extrait de cette sphère. Un groupe incompris aussi. Un univers et une musique qui peuvent sembler inaccessibles. Il serait pourtant presque criminel de ne pas sombrer au charme du somptueux Expelled From Love. Un titre rêveur. Une ballade calme. Des voix froides. Le tout dans une ambiance glaciale et inquiétante. On se croirait marchant par une froide nuit dans une immense forêt. Baigné dans un épais brouillard.

L’album entier repose sur ce contraste entre ballades enchanteresses et larcens de guitares qui nous fait siffler les oreilles. La charmante voix de Sharing Foo en fil conducteur. C’est ce saisissant contraste qui rend cet album si passionnant. Si particulier aussi. Les mélodies sont parfaites. On voyage entre les jouissives explosions soniques de Blitzed et les nappes vaporeuses de With my Eyes Closed. Disque noctambule par excellence, Lust, Lust, Lust est un album qui se savoure la nuit. Le plus tard possible. Entre rêves et réalité. Terre et ciel. Les titres défilent. Le duo peut être fier de lui. Sans changer de registre il arrive pourtant à se renouveler. Le disque n’est jamais ennuyeux ni répétitif. Sexy et mystérieux. Peut-être moins sombre que son prédécesseur, Lust, Lust, Lust n’en reste pas moins un disque trouble. Phil Spector et son fameux Wall of Sound n’est jamais loin. Le duo a d’ailleurs invité l’ex-femme du producteur cinglé sur son précédent opus. Charmeur et pas aussi prétentieux que ses auteurs. Sans être impressionnant musicalement ni prodigieux au niveau du songwritting, ce disque est pourtant l’album parfait. Il ne possède aucun défaut. Pas un seul titre dispensable. C’est juste une formidable épopée au charme ravageur. Quand enfin le disque tire sa référence comme il avait commencé, par une dernière lancinante ballade, The Best Dies, on est obligé d’applaudir. Les Raveonettes viennent de signer, et de très loin, leur meilleur album. L’effet de surprise en moins. La classe en plus.



  1. Aly, Walk With Me
  2. Hallucinations
  3. Lust
  4. Dead Sound
  5. Black Satin
  6. Blush
  7. Expelled From Love
  8. You Want The Candy
  9. Blitzed
  10. Sad Transmission
  11. With My Eyes Closed
  12. The Beat Dies
Sortie 21 Novembre 2007
Enregistrement 2007
Producteur Sune Rose Wagner
Genre Noise Pop
Label Fierce Panda Record

samedi 9 février 2008

The Beatles - Sgt Pepper Lonely Hearth Club Band




Ah, les Beatles. Au début, c'était surtout des singles bien goupillés et un plan marketting béton. Et puis en 1965, c'était dans le vent, ils décidèrent d'aller plus loin dans leur son et sortirent Rubber Soul, premier véritable album ou tout le monde imposait un songwritting du jamais-vu. Une nouvelle maturité, une nouvelle base, plus d'envergure, plus d'ouverture pour le futur. En 1966, Revolver flingue tout. Approfondissement d'un son unique sur la pente dressée par Rubber Soul. Les Beatles planent largement au-dessus du monde. Tout le monde envoie ce qu'il a de meilleur entre Harrison avec son Taxman qui attaque d'entrée, Paulo avec son fabuleux Eleanor Rigby, Lennon avec Tomorrow never knows...Bon, en 1966, les Beatles, c'est l'empire, la dictature musicale, ils pouvaient pas aller plus loin que Revolver. C'est simple, si leur discographie s'arrêtait à cette pochette qui pue l'acide, ils resteraient quand même les plus grands.

Alors quand on en est à ce point-là dans le cosmos, on fait quoi?
Une rupture.

Les gars, on arrête les concerts et on vous lâche un nouveau trip.
Après 2 ans à améliorer le son, il fallait bien trouver autre chose. Ça sera donc Sgt Pepper.
Bon, histoire d'introduire la suite, les Fab lâchent en février (67 donc) le single Strawberry Fields forever/Penny Lane, la chanson titre étant signée Lennon. Et pour ceux qui s'indigneraient du sort de Penny Lane en face B, sachez que la sacro-sainte compo de Paulo (peut-être sa meilleure, enfin sa plus représentative) sortit quelques temps plus tard en single. Peut-être trop avant-gardiste, trop déconcertant, Strawberry Fields Forever ne décroche pas la timbale.

En studio, c'est la guerre. Le Paulo est de tout les fronts (il a composé les 2/3 de l'album), balançant des cordes ici, des trompettes là...derrière, le Lennon reste en seconde ligne, en renfort, le LSD à portée de main. Georges Martin devient l'esclave de tout ce bordel.
Jusqu'à ce que la bête sorte de l'écurie de Abbey Road. Et c'est la révolution. Les Beatles sonnent comme une surcroissance psychédélico-schizophrénique d'eux-même.
Le son exulte. A l'époque, Leur œuvre fait l'effet d'une rupture sans précédent dans le monde de la musique. Les Beach Boys peuvent aller se rhabiller et les Stones vont mettre 1 an avant de s'en remettre. J'insiste, cet album a profondément marqué son époque.

C'est qu'il a du panache ce Sergent poivre. Mais paradoxalement, ce disque qui sonnait comme le plus neuf, le plus avant-gardiste en 1967, sonne aujourd'hui plutôt vieilli. Enfin, mal vieilli.
Comme une poupée surmaquillée qu'on sortirait du grenier, le vernis craquelant, en la filmant avec une des toutes premières caméras couleur. La première fois que j'ai écouté cet album, je me suis dit que les Beatles ne valaient finalement pas plus que des freaks anglais bien rôdés sur leur époque. Et puis ya ces morceaux qui sortent un peu de nulle part, cette excitation absurde peut-être typiquement anglaise, ou typiquement Beatles, (Good morning Good morning ou l'hystérie façon Mc Cartney sous coke...les Klaxons quoi, ou cette ouverture faussement glorieuse entonné par Lennon qu'est Sgt Pepper...), qui relèvent un certain second degrès très appréciable pour un groupe de cette envergure. Sont pas aussi snobs que les Pink Floyd les Beatles, au moins. Les tons donnés par cet album sont certes étonnants, et il y a tout de même 4 compos qui ont bien tenu le coup (With a Little Help from my Friends, Lovely Rita, Lucy in the Sky with Diamonds et A Day in the Life, LA chanson total concept), mais l'ensemble est assez lourd, tant la production est dense et les chansons indigestes (Within You Without you de Harrison, quelque peu chiant, ou Being for the Benefit of Mr .Kite, de Lennon, totalement allumé à la guirlande de fête foraine).

Alors si l'on regarde dans leur discographie entière, Sergent Pepper's lonely hearts club band, c'est l'excroissance dégénérante super colorée au LSD et à la trompette pleine de sucre Beatles super sucré dans la sourdine, le tout dégoulinant de marmelade de violons pour quitter la maison. Presque écœurant. Mais album nécessaire. L'effet de surprise tout blanc du suivant n'en sera qu'accumulé. Reste la pochette, symbole d'une suprématie largement acquise à ce moment-là précis de leur histoire. Normal, ils étaient des demi-dieu, que voulez-vous que je vous dise? Et reste à savoir pourquoi il manque Gandhi et Hitler.


1. Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band

2. With A Little Help From My Friends
3. Lucy In The Sky With Diamonds
4. Getting Better
5. Fixing A Hole
6. She's Leaving Home
7. Being For The Benefit Of Mr. Kite!
8. Within You Without You
9. When I'm Sixty-four
10. Lovely Rita
11. Good Morning, Good Morning
12. Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (reprise)
13. A Day In The Life

Sorti 1er juin 1967

Enregistré Grande-Bretagne
Producteur George Martin
Genre Rock Durée 39:43
Label Parlophone

Une chronique un peu daté du Sergent Poivre qui achève le transfert des articles de l'ancien blog. J'avais quelque peu oublié celui-là....mea Culpa

mardi 5 février 2008

Blur - Think Tank




Souvenez vous. J'ai déjà parlé de
Damon Albarn ici. J'avais déjà fait part de mon admiration pour le bonhomme. Je le reconnais. Cela flingue l'objectivité de toutes les chroniques que je pourrai écrire à l'avenir sur Damon et ses side-projects. Mais pourtant. Think Tank. A ce jour le dernier album de Blur. On le sait déjà avant que sorte cet album, Blur a changé. Depuis 1997 en fait. Depuis ce fameux album éponyme. Puis 13 enfonça le clou 2 ans plus tard. Lassé des errements brit-pop. Avide conquérir un public nouveau. Plus ténébreux. Blur s'est assagi en quelques sortes. Laissant la concurrence brit-pop loin derrière. Alors forcément. Forcément, l'abandon des tubes à la Boys & Girls ne plait pas à tout le monde. Graham Coxon exprime dès le début de l'enregistrement de 13 des doutes. Il craint que la direction prise par le navire Blur ne soit pas celle qu'il désire. Les séances de Think Tank -commencées en 2001- sont encore plus hachées et houleuses que celle de son prédécesseur. Coxon part voguer en solitaire. Définitivement. Albarn veut prolonger le chemin construit par Blur et 13. Entre temps, le bonhomme a mené des projets parallèles. Mali Music tout d'abord. Puis Gorillaz. Son inattendu carton. Albarn souhaite intégrer dans Blur ce qu'il a tiré de ses nouvelles expériences. En 2003 sort donc Think Tank.

Le premier titre met dans l'ambiance. Ambulance. Titre sinueux. Moins facile encore que les dernières réalisations du combo. Le son est crasseux. Un saxophone qui se ballade. Une puissante basse. Oui. Blur a définitivement changé. Out of Time. Le premier single. Une claque. Le titre est comme son titre l'indique hors du temps. Dans tout les sens du terme. Une délicate mélancolie rétro s'en échappe. Le chant de Albarn est sublime, transcendé. Le refrain offre un lucide regard sur la société d'aujourd'hui
And you've been so busy lately/That you havent found the time/To open up your mind/And watch the world spinning gently out of time. Un chef d'œuvre. Puis la blague. Crazy Beat. Une plaisanterie comme seul Albarn sait en faire. Qui de suite nous fait descendre du fragile nuage dressé par ce début d'album. Honnêtement, un titre affreux. Un voix de canard funkoïde. En plus d'être horriblement mauvais ce titre est complètement décalé par-rapport au reste de l'album. Albarn qui nous regarde depuis le nuage sur lequel il est resté perché en rigole encore. Mais tout cela est vite rattrapé. Good Song. Encore un titre à la beauté fatale. On ne reste pas en ligne droite sur les titres de Think Tank. Toujours un virage placé qui nous oblige a rester attentif. Comme une route de montagne. Jamais. Jamais le pilote automatique n'est déclenché. Les paroles de ce titre confirment ce que Out of Time laissait entrevoir. Ce titre est peu être plus optimiste. Tv's Dead/And there ain't no war in my head. Miroir inversé de notre société? Albarn nous laisse en tout cas pour la première fois un disque presque politique. Critique en tout cas. Sur la société contemporaine. Ses abus. Ce qu'elle est devenue. De bout en bout cet album sent la défaite. A plein nez. On the All Way to the Club. Les influences de Gorillaz se font plus claires sur ce titre. Tortueux. Laissant apparaitre ses influences dub. La partie chantée, bien que courte est poignante. A donner des frissons. Vient ensuite Brothers & Sisters. Sa rythmique hypnotique. Toujours l'électro-pop de Gorillaz. We're all drug takers nous scande Albarn. On se sent oppressés. Presque enfermés. Un moyen de transmettre le résignation de son auteur? Un nouveau changement de décor. Caravan. Un titre rêveur. Un calme somptueux. La son est voluptueux et luxuriant. Une fuite.

Puis Albarn nous refais le même coup fumeux. Une nouvelle plaisanterie. On tombe de notre refuge en coton timidement construit. Un faux hymne punk. We've got a file on You. Ils jouent avec nos nerfs. Sauf que cette fois le groupe a compris. Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures. En 1 minutes et 30 secondes, la plaisanterie de mauvais gout prend fin. Maintenant le reste de l'album ne sera qu'un long et exigüe chemin à l'intérieur de l'esprit de Albarn. Car sur13 il devait encore composer avec Coxon. Mais ce dernier parti il se retrouve seul maitre à bord. Dirige sa barque comme bon lui semble. Moroccan People Revolutionnary Bowls Club poursuit le disque. La chanson est au moins aussi barré que le titre. Le titre rempli de sons bizarres nous donne une idée du trajet que Albarn a parcouru depuis les premiers albums de Blur. On ne devient pas musicien, dit-il c'est un but inaccessible mais le voyage est passionnant. Oui un voyage. C'est peut-être ce que nous propose Blur dans cet album. Dépaysant. La douceur des ballades de Think Tank est incomparable. Sweet Song est dans cette veine. Toujours ces textes pessimistes. Glacials et réalistes. All our lives on TV/ You Switch off and try to sleep/ People get so Lonely. Calme et classieuse Sweet Song accompagnera vos pluvieux après-midi de Janvier et vos étoilées nuits d'été. Albarn continue de nous hisser au sommet avec le très jazzy Jets. Son unique vers tournant en rond - Jets are commets at Sunset - on se laisse bercer. Puis au milieu de la chanson sorti de nulle part...un solo de saxophone. Le sourire au coin des lèvres. Rien n'était moins attendu que ça. Ils on gagnés. Gene by Gene quand à lui nous prépare à l'assaut final. Battery in your Leg. This is a Ballad for the Good Times nous chante Albarn dans un son pour un fois clair.

On arrive au sommet. Au bout du voyage. A l'heure ou l'ombre menaçante du split plane une nouvelle fois sur Blur on peut considérer Think Tank comme l'œuvre de musiciens accomplis. L'œuvre d'un Damon Albarn faisant la somme de ses influences avant de donner un nouvel élan à sa carrière. Mélancolique puis tour à tour oppressant et poignant, parfois même inquiétant, Think Tank est l'image de la société vu par Albarn. Cela pourrait bien être aussi la parfaite bande-son de ce début de 3e millénaire. "Le voyage est passionnant". Albarn est grand.

  1. Ambulance – 5:09
  2. Out Of Time – 3:52
  3. Crazy Beat – 3:15
  4. Good Song – 3:09
  5. On The Way To The Club – 3:48
  6. Brothers And Sisters – 3:47
  7. Caravan – 4:36
  8. We've Got A File On You – 1:03
  9. Moroccan Peoples Revolutionary Bowls Club – 3:03
  10. Sweet Song – 4:01
  11. Jets (Albarn, James, Rowntree, Mike Smith) – 6:25
  12. Gene By Gene – 3:49
  13. Battery In Your Leg (Albarn, Graham Coxon, James, Rowntree) – 3:20
Sortie 5 mai 2003
Enregistrement Mars 2002 - Novembre 2002
Genre Alternative
Durée 47 minutes 58
Producteurs Blur, Norman Cook, Ben Hillier, Norman Orbit

Label Virgin/Parlophone

vendredi 1 février 2008

Television - Marquee Moon


C'est une idée répandue.C'est une idée répandue que la scène punk anglaise a été de meilleure qualité que celle de New York. Clash et Pistols d'un côté. Suicide et Ramones de l'autre. Pourtant la réalité est tout autre. 1977 donc. Année destroy. Année "No-futur". Année capitale aussi. White Riot et God Save the Queen sèment le chaos outre-manche. Mais de l'autre côté de l'Atlantique, la Grosse Pomme n'est pas en reste. Le CBGB. Haut-lieu de la contre-culture new-yorkaise. Théâtre de la réponse américaine à la déferlante anglaise. Des concerts sulfureux. Les amplis à fond. Les guitares désacordées. Drogues et décadence. Puis une poignée de groupe. Ramones, les vétérans de Suicide, la poétesse-punk Patty Smith, Blondie, les Talking Heads, les poupées trash des New York Dolls et Television donc. Le moins punk des groupes punks. A la base, deux guitaristes de génie. Richard Lloyd et Tom Verlaine. Puis un 45 tours. Sorti dès 75. Little Johny Jewell. 14 minutes réduites à 7. Lloyd ne veut pas d'un single aussi long. Lou Reed himself essaie de convaincre Verlaine que c'est un suicide commercial. Le Lou en connait un rayon depuis Berlin. Verlaine persiste. Il ne s'en vendra même pas 2.000. Pourtant les prestation scéniques du groupes tapent dans l'œil des représentants d'Atlantic. A l'hiver 1975, Television pars donc pour un essai dans les locaux de la maison de disque. Mais sur place, une session est déjà en cours. Keith Richards mixant les bandes de Black & Blue. L'ingénieur du son est dépassé. Las, il demande au groupe de poser les instruments en studio. Mais les voix seront enregistrées depuis la cabine de contrôle. Forcément. Une fois que les dirigeants d'Atlantic viennent écouter le groupe, tout est déréglé. Refus poli. Le directeur d'Atlantic, Ahmet Ertegun dira à Lloyd "Votre musique vient d'une autre planète". La guitariste prendra ça comme un compliment. Il trouve ça cool dit-il. Un coup dans l'eau. Television ira finalement signé chez Elecktra responsable des brulots des Stooges.

En avril 1977 sort donc Marquee Moon. Le meilleur album de l'underground new-yorkais. Un album à la limite du Jazz parfois. Coltrane rôde. Mais pas un album punk. Television fait pourtant parti de la scène. Ils ont l'esprit punk. La musique non. Les morceaux flirtent avec les 10 minutes. Le disque est truffé de solo de guitares. Car oui. Tout Marquee Moon est contenu dans cette entrelacs de solo joués à l'endroit, à l'envers et parfois dans l'autre sens aussi. Ce duel de 6-cordes entre les deux solistes. Lloyd et Verlaine nous concoctent des mélodies en spirale d'une grande virtuosité. Preuve qu'il existe parfois de bons musiciens dans le mouvement punk. Le titre d'introduction, See no Evil - première des 8 charges de ce disque parfait- nous plonge de suite dans l'ambiance. Un riff hypnotique et c'est parti. Verlaine nous annonce la couleur "I get Ideas". Car oui Verlaine est avant tout un poète. Il reconnait lui-même qu'il ne sait pas chanter. Oui, d'entrée l'autre chose qui frappe c'est le chant. Il agresse. Se laisse le temps d'être apprivoisé. Le premier solo est lâché. Le disque est lancé. Puis l'hymne Venus et sa guitare lumineuse. Le son est clair. La rythmique sèche, mais efficace. Andy Johns, le producteur dépêché par Atlantic saigne encore plus le son. Tout est pris sur le vif. En live. Les musiciens eux-mêmes ne sont pas prévenus. Si Friction s'oublie peut-être plus facilement c'est pour laisser le temps de souffler avant le morceau éponyme. Le morceau central. Ce Marquee Moon de plus de 10 minutes. Tout part de ce riff simple. Répété à l'infini. Puis le morceau s'emballe. Tout s'enchaine. La batterie s'accroche. Puis le chant de Verlaine rentre en scène. Puis dès le refrain, la première salve est lancée. La guitare commence ses premières acrobaties. Le rythme s'accélère. Puis c'est l'explosion. Les deux 6 cordes s'emmêlent. Se cherchent. Se perdent. Partent dans des contrées inexplorées. Les riffs sont démontés, joués sans ordre. Le tempo s'accélère puis se ralentit. Les montagnes russes. Puis retour sur Terre. Sur le riff central. Verlaine achève I go out again . Puis on re-décolle. Le bien nommé Elevation. Sa rythmique entrainante. Frisson garantis. Puis la ballade. Le slow. Le magnifique Guiding Light -Do I, Do I? belong to the night? - une pause. Parfois naïve. Le plus souvent sereine et lumineuse. Puis Prove it. Le titre rappelle que le disque possède des relents du Punk. Incisif et simple. Dans l'esprit, le texte est plus engagé. Puis, le final. Torn Cutain. Les paroles sont ici plus nihilistes. Tears... tears rolling back the years/Years... Flowing by like tears/Tears holding back the years. Un dernier morceau de bravoure. On éteint la Televison.


L'album entier est magique. Aujourd'hui encore, quand on lui demande son secret, Verlaine répond nonchalant: "You know, it's just two guitars, one bass and one drums". La suite est connue. Un second album raté qui signe la fin de l'Adventure. Le groupe se sépare l'année suivante. Verlaine poursuivra une carrière solo. Le groupe se reformera en 1992 pour Capitol et laissera un album éponyme. Marquee Moon reste la grandiose marque dans l'histoire d'un groupe éphémère.

Une étoile filante. La plus belle de toutes.


  1. "See No Evil" – 3:53
  2. "Venus" – 3:51
  3. "Friction" – 4:44
  4. "Marquee Moon" – 10:40
  5. "Elevation" – 5:07
  6. "Guiding Light" – 5:35 (Lloyd, Verlaine)
  7. "Prove it" – 5:02
  8. "Torn Curtain" – 6:56
Sortie Avril 1977
Enregistrement A & R Studio, New York, 1976
Genre Art Punk
Durée 45 minutes 49
Label Elecktra
Producteurs Tom Verlaine/ Andy Johns