Oasis - The Shock Of The Lightning



Transport. Motorways and tramlines. Starting and then stopping. Taking off and landing. The emptiest of feelings. Sentimental drivel. Climbing onto bottles.

lundi 15 septembre 2008

Rock en Seine - 28 et 29 Aout 2008


Il flotte comme un air de vacances prolongées dans le parc de St Cloud en ce Jeudi 28 Aout. Bonne humeur, queues interminables, bière chaude et débardeur. Bienvenue dans le plus grand camp(ing) de vacances de la région parisienne. Encore plus fort que Paris Plage, Rock en Seine !

Petite visite des lieux, on se rend compte que le prix des consommations est astronomique. Pourtant il y a plus de stands de restauration que d’étoiles dans l’univers. Curieux. On se dirige vers la scène de la Cascade pour la première attraction de la journée, These New Puritans. Grosse déception. La groupe arrive avec une bonne demi-heure de retard et ne parvient jamais à décoller. 4 musiciens…ou plutôt 3, la seule présence féminine du groupe restant cloitrée derrière son MAC. Elle faisait un pinball et répondait à ses mails diront les mauvaises langues. Le plus triste étant que ce n’était peut-être pas impossible… Heureusement que Hot Chip chauffe la grande scène avec son énergie habituelle. Seul bémol, à l’instar de son inégal deuxième album Made in the Dark , le groupe termine son set avec une bancale ballade. Dommage. Tiens une case horaire vide. Enfin pas tout à fait puisque The Do bidouille sa difforme marmelade sans sucre sur une scène de la Cascade pleine comme un œuf. Déprimant. Alors on en profite pour aller se faire dédicacer ce que l’on peut par Tricky au stand F*AC –Eh non ! Pas de pub sur l’Indie Rock Mag ! Poignée de main, félicitations pour son dernier album et sourires lorsqu’il se rend compte que l’on partage le même prénom. C’est déjà ça.

Retour à la scène de la Cascade qui fait le plein pour les Dirty Pretty Things, surement le concert le plus jeune de ces deux jours. Plus générationnel que réellement bon, Carl Barat, dont le seul mérite est au final d’avoir participé à l’aventure Libertines, et sa troupe feront danser et bouger le public comme jamais depuis le début du festival. Surprenant lorsqu’on a entendu son dernier disque franchement moisi. Défoulant.

L’heure est ensuite au rassemblement de masse sur la Grande Scène pour les Kaiser Chiefs. A la faveur d’un mouvement de foule durant la radiophonique Ruby on se retrouve au premier rang. Aucune surprise pour la suite. Un show calibré de groupe de stade mais efficace. Du déjà fait 132 fois avant eux mais on se prend au jeu. Angry Mob est repris par la foule et tous les titres provoquent l’hystérie d’un public déjà tout acquis à la cause des anglais. Rigolo.

Les choses deviennent sérieuses à 21 heures lorsque Tricky, qui n’a pas changé de tenue vestimentaire entre temps, fait son apparition au domaine national. Le petit gars de Knowle West a pris du volume et livre un show où il se donne à fond. Peut-être même un peu trop, tant est si bien que l’on a parfois l’impression qu’il joue plus pour lui que pour le public. Qu’importe. Les morceaux de Knowle West Boy sont encore plus phénoménaux en live. Council Estate est parfaite, et Puppy Toy prend une dimension incroyable. La choriste et les musiciens sont parfaits. REM peut trembler.

Car c’est ensuite autour du groupe d’Athens, Georgie, USA –tout cela est toujours aussi bizarre à écrire m’enfin bon- d’entrer en scène sur la plus grande d’entre elles. Privilège de tête d’affiche, les écrans géants –bien abimés soit dit en passant- ne font pas que retransmettrent bêtement la performance mais bénéficient d’une mise en scène qui rappelle étonnamment Radiohead. Bad Day entame les hostilités d’une foule qui a pris 25 ans en quelques heures depuis les Kaiser Chiefs. Sans grande surprise, le trio –accompagné de plusieurs musiciens studio- livre une performance sérieuse, rodée et plus que correct. On notera la beauté fracassée d’un Drive encore plus émouvant que sur disque et la clameur du public sur Imitation of Life et Losing my Religion. Mais c’est le dernier morceau du set principal, le génial It’s The End Of The World qui remportera la palme. Pas transcendant, mais très plaisant.

On revient le lendemain. C’est une performance lorsqu’on est revenu par un métro bondé où la mort par asphyxie n’était jamais loin. On savoure donc d’être encore en vie et on apprécie Louis XIV sur la grande scène. Carré, très pro devant une audience assez réceptive malgré la chaleur qui s’abat sur Paris en ce vendredi, les américains font le boulot, même si le chanteur rappelle beaucoup trop Jack White. Pour ce dernier il faudra attendre encore quelques heures.

On attend nettement plus de dérision de la part de Jamie Lidell sur la Cascade. La chaleur est accablante est l’anglais est rigolo. Problème il entame son set par une expérimentation de 20 minutes qui semblent en durer 370. Et en plus ça fait du bruit…beaucoup de bruit. Mais lorsqu’il entame l’interprétation de son dernier disque, Jim -dont on a toujours autant de mal à se dire qu’il est sorti sous Warp- le spectacle décolle. Lidell fait ressortir sa vraie nature de frontman accompagné par la batterie du non moins rigolo Mocky. Sur Little Bit Of Feel Good, Gonzales prend le piano et on se retrouve avec une paire de patronymes superbement ridicule. Ça saute, ça plaisante ("On m’a dit que cette chanson passe à la radio…on va voir si c’est vrai") et ça chante. Bref, Jamie Lidell, c’est rigolo, ça fait du bruit et c’est même parfois très bon. A la fin du concert on récupère un vinyle gracieusement distribué par le staff.

Entendu allongés depuis les transats du stand S*R, le set de The Roots parait très sérieux et le combo ose même des reprises de Sweet Child O’Mine et Immigrant Song. Pro.

On se masse ensuite pour les Raconteurs après avoir hésité avec les Black Kids se disant finalement que j’ai assez soutenu ces loosers de Jacksonville comme ça. Grosse affluence sur la grande scène. Et quand le quartet débarque au son de Consolers of the Lonely, on se retrouve une nouvelle fois dans les premiers rangs. Finalement les mouvements de foule ont du bon. Sauf que garder sa place est bien plus difficile que lors du reste des concerts. La pression est énorme et niveau ambiance le concert est fantastique. Et le plus drôle c’est qu’on ne donnait pas cher de cette performance après le plus que moyen Consolers of the Lonely . Mais pourtant les morceaux, débarrassés de leurs embarrassants cuivres, cordes et cœurs sont fantastiques. Many Shades of Black, lourd et agaçant, devient puissant et génial. Sur Steady as she Goes, seul compte le mouvement de la foule qui vibre comme une seule personne. Au milieu du set Jack White lance un timide “You’re all here for Amy Winehouse ? She won’t Come” L’audience rigole. Sauf que Jacky, lui, n’a pas l’air de rigoler. Sauf que ça on ne le sait pas. Pas encore. On commence à comprendre lorsque les hommes de Nashville remontent pour un rappel d’une demi-heure. La nouvelle tombe. Amy Winehouse ne viendra pas. Huées du public. Encore plus prévisible que le show des Kaiser Chiefs pourtant.

Tout le monde se console en réclamant Justice (oh !). La scène de la Cascade, pas habituée à une telle affluence déborde de tous les côtés. Les français jouent à un volume effrayant et on regrette bien de ne pas avoir pris de bouchons d’oreilles. Pourtant ça n’empêche pas le show d’être excellent. Caché derrière son mur de Marshall, le duo fait danser un public qui se donne à fond pour oublier. La sono pète deux fois –durant Phantom notamment, de loin le meilleur morceau du duo. Dommage- et Justice s’en va au bout d’une bonne heure sans que cette dernière ne soit totalement faite.

C’est maintenant autour de Mike Skinner et The Streets d’avoir la lourde tâche de remplacer la Wino sur la Grande Scène. L’enjeu est grand. Faire plaisir à 30 000 personnes qui ne sont pas venues pour lui. Et pourtant. Le concert est énorme. Moins intimiste qu’il aurait été sur la petite scène de l’Industrie, mais le groupe se fait plaisir. Et bien vite le public se prend au jeu, danse et chante. Mike s’en donne à cœur choix, fait sauter le public, le fait chanter et même…s’asseoir ! Il ose des millions de blagues sur Amy « Je me fous de la gueule du monde » Winehouse « As You Can see I’m not Amy Winehouse ! » ou encore « Amy ? She’s in London, she’s smoking crack ! » et fait chanter une bonne dizaine de fois le refrain de Rehab a un public joueur. Turn the Page et It’s Too Late du génial Original Pirate Material sont magiques. C’est l’extase lorsque, durant le rappel, se rapprochant de plus en plus du public, il finit par traverser la foule et finir par un slam sur une foule aux anges pour regagner la scène. Beau, honnête et superbe. "I have you and you have me" lâche t-il. Cliché, bateau mais sincère donc touchant. Tout le contraire de la présumée tête d’affiche du festival. Ce soir, Mike Skinner et son groupe a mouché tout le monde et offert le plus beau concert du festival, accompagné d’une leçon d’humilité, qu’Amy & co. ferait bien mieux de retenir. Merci.

mardi 8 juillet 2008

Radiohead + Sigur Ros + The Do + The Wombats + Vampire Weekend - Main Square Festival (Arras) - le 06/07/08



Au départ de Lyon, en ce dimanche matin, il pleut des cordes. Le ciel est noir et menaçant et pourtant on est heureux. Heureux car dans quelques heures Radiohead va donner après quelques mises en bouches alléchantes son seul concert en festival cette année en France. Alors dans le train qui nous ammène vers Lille, on tue le temps à coup de Amnesiac , café - hors de prix, merci la Sncf ! - au bar et Hail to the Thief .

Ce n’est qu’en débarquant en gare de Lille Europe que l’on prend conscience de l’ampleur du concert qui va se dérouler le soir même à quelque kilomètres de là. Des hordes de festivaliers déambulent dans la vieille ville et les Ter-navettes entre Lille et Arras sont combles. Pour tuer le temps son visite la très bourgeoise Arras dans un climat où attente et excitation se mêlent habilement. La ville double presque sa population le temps du festival. On se place dans la - longue ! - queue et on prend son mal en patience avant de pénétrer dans la majestueuse Grand’ Place. Ici, devant 27 000 fidèles Radiohead va jouer pour la dernière fois cette année en France.

Il est un peu plus de 16 heures 30 quand la pop surcotée de Vampire Weekend prend possession de la gigantesque scène avec pour mission d’ouvrir les hostilités. Pas aidés par un public presque amorphe et une balance exécrable, les new-yorkais ne s’en sortent finalement pas si mal, A Punk et surtout Oxford Comma font leur effet. Mais trop propre sur eux et surement pas assez volontaires, le quatuor quitte la scène au bout d’une petite demi-heure. Bancal.

Tout le contraire des liverpuldiens de The Wombats emmené par le fils caché de Robert Smith qui, après une intro délirante a capella, font faire bouger pendant 45 minutes le public qui a maintenant complètement pris place. Sur disque le trio est plat et formaté, sur scène il s’en donne à cœur joie, rigole et plaisante ("J’ai mis tout les effets de Jonny Greenwood sur ma guitare" ou encore "On est très heureux et flatté d’ouvrir pour Radiohead et Sigur Ros, j’espère que c’est pareil pour eux) avant de culminer sur leur entrainant single Let’s Dance to Joy Division. La bonne surprise de l’après-midi.

Après ça, changement de décor. La pop pour bobo du masculin féminin des franco-finlandais de The Do (merde comment on fait les "O" barré ?), accompagné d’un batteur studio envahit la scène. Olivia, pied nus, look hippie force trop sur son côté diva qui a tout pompé sur Björk et monsieur bidule truc se contente de quelques "Merci, on est très heureux d’être ici". A part peut-être le single On My Shoulders qui met un peu d’émotion dans le public, la sauce ne prend pas. Ce groupe ne veut décidément pas de moi et je le leur rend bien.

Les apéricubes digéré, les roadies prennent la scène d’assaut pour mettre en place les lumières et les ballons pour Sigur Ros, attendu comme le messie par une bonne partie du public tellement leurs apparitions sont rares et précieuses. En débarquant sur le calme et spatial Svefn-g-englar, les islandais ont déjà fait oublier les 3 heures qui viennent de s’écouler. C’est parti. On ne redescendra plus pendant une heure. Le show est d’une intensité extraordinaire. L’orchestration est incroyable, et quand le groupe est accompagné de cuivres - ce qui porte le nombre de musiciens à 13 - il devient majestueux et presque aussi nombreux que I’m From Barcelona. Les titres du dernier album prennent toute leur dimension et un Gobbledigook à couper le souffle qui se terminera dans un joyeux délires de confettis remporte la palme. Le final, extrait de ( ) , n’est pas en reste. Les hommes et femmes de glace et de feu quitte la scène sous un tonnerre d’applaudissement du public qui demande un rappel qui ne viendra pas. Mais qu’importe, pour la première fois de la soirée on a côtoyé les anges. Fantastique, élégant et (presque) détendu Sigur Ros ne faillit pas, galvanisé par l’enjeu.

La foule se resserre. La tension monte. Les néons se mettent en place. Les 27 000 personnes retiennent leur souffle. Il est 22h00 lorsque le plus grand groupe du monde arrive sur scène sur les premières mesures de l’incroyable 15 Steps. La foule hurle son bonheur. Bienvenue dans les airs. Vous ne redescendrez que 2h10 plus tard. A peine essoufflé par une tournée éreintante, le quintette livre une performance extraordinaire. Airbag, rencontre quelques problèmes de son certainement dû au décollage et Thom Yorke envoie un There There furieux à la foule qui rugit de plaisir. Ça y est. La nuit est tombé et on peut prendre la pleine mesure du jeu de lumière incroyable - et soi dit en passant pas très écolo - proposé lors de cette tournée. Le dyptique Where I End And You Begin/ A Wolf at the Door est le premier grand moment. Hail to the Thief est décidément un immense album. Homogène, intense, fluide et lucide. L'abyssal Climbing up the Walls est encore plus puissant et malfaisant que sur disque et No Surprises, d’une beauté pure et cristalline. A en crever. Simplement parfaite. Tout comme Faust Arp, jouée à la manière de la version de Scotch Mist, avec Thom et Johnny seuls sur scène, qui éclatent deux fois de rire avant d’arriver à dépasser les deux premières mesures. Là aussi c’est beau. De son côté, Jigsaw falling into place est définitivement en train de s’imposer comme l’une des pièces maitresses du groupe en live. Dément.

Ce qui frappe, c’est le décontraction dont fait maintenant preuve le groupe sur scène. Thom gesticule dans tout les sens, Ed sourit et Johnny rigole. Au début de Exit Music, autre moment fort, quelqu’un gueule du fond de la place. Laconique, Thom lance un "Ok, shut up now !" qui fait son effet. Bodysnatchers plie l’affaire dans une version hallucinante bardé de lumière rouges qui font mal aux yeux. 23h20, premier départ. Acclamations. Thom revient seul pour une version épurée de Cymbal Rush au piano ("If I could remember it"). Le temps de l’immense Paranoid Android ("Cette chanson est pour les gens aux fenêtres. We’re sorry for the noise"), on prend conscience que Radiohead a composé la chanson absolue. Le rupture centrale fait couler des larmes d’un public qui "fait la mer avec les bras" comme l’a très astucieusement fait remarquer plus tôt le bassiste des Wombats. On respire le temps du souffle démoniaque de Dollars & Cents avant de replonger sur Idiotheque splendide et intense. Deuxième sortie.

Mais alors que la cause est déjà entendue depuis longtemps, Radiohead revient à nouveau. House of Cards, toujours un peu ban(c)al fait suite à un monstrueux The National Anthem bruituiste, où Johnny s’en donne à cœur joie avec ses bidouillages éléctro. On atteint un niveau proche de l’extase. Street Spirit met un point final à 2h10 de magie. Radiohead a encore gagné. On rentre. Des étoiles plein la tête et True Love Waits, oublié de la soirée et de la tournée, au volume maximum. Les plus grands. Sans hésitation.


Playlist Sigur Ros

svefn-g-englar
sæglópur
við spilum endalaust
hoppípolla/með blóðnasir
inní mér syngur vitleysingur
hafsól
gobbledigook
popplagið

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Playlist Radiohead

15 steps
Airbag
There there
All I need
Where I End And You Begin
A wolf at the door
Nude
Pyramid song
Weird fishes
Climbing up the walls
The gloaming
Faust Arp
No surprises
Jigsaw falling into place
Reckoner
Exit music
Bodysnatchers

---

Cymbal rush
Videotape
Paranoïd android
Dollars and cents
Idioteque

---

House of cards
The national anthem
Street spirit

mercredi 18 juin 2008

Boards of Canada - BOC Maxima


Exhumé des fonds de tiroirs poussiéreux, BOC Maxima fait respirer comme jamais la musique du duo écossais culte. Retour aux premiers jours pour vivre cette épopée fabuleuse.

Chef d’œuvre trop méconnu dans la pléthorique discographie du groupe, BOC Maxima propose en 20 titres et un peu plus d’une heure la transition entre le label original Music70 et les grandes heures passées chez Warp. Disque inconnu du monde, si ce n’est peut-être et ce n’est même pas sûr d’une poignée d’irréductible fans, BOC Maxima est un album curieux et généreux. Sur les 20 titres aussi inquiétants que palpitants et tous grouillants de sons d’un nouveau genre, seuls 4 sont exclusifs à cet album. L’un est issu de l’album précédent, le parfois maladroit mais toujours fascinant Twoism et l’EP qui suivra, Hi Scores, en réutilisera quatre. Mais la plupart d’entre vous, pour peu que vous soyez un tant soit peu attentifs et malins, ce dont je ne doute pas étant donné que vous lisez IndieRockMag, reconnaîtront Wildlife Analysis, Boc Maxima, Roygbiv, Turquoise Hexagon Sun et One Very Important Thought issus du chef d’œuvre reconnu de Boards Of Canada, le bluffant et brillant Music Has Right To Children, premier volet de la glorieuse trilogie signée sous Warp, volet auquel succèderont Geogaddi (2002) et The Campfire Headphase (2005).

Pourtant, cet éclatement en une multitude de petites pierres, qui aurait pu faire perdre tout cohérence à l’ensemble, se retrouve, se rassemble et s’assemble tel un puzzle qui prend vie une fois reconstitué. Car BOC Maxima est un album incroyablement construit et qui respire le sobre génie abstrait et pourtant mélodique du duo comme aux plus belles heures à venir de sa carrière. La musique composée par Michael Sandison et Marcus Eoin est kaléidoscopique mais néanmoins incroyablement lisse et homogène. C’est en fait cet album à qui Boards Of Canada doit sa réputation, méritée au combien de fois, de groupe majeur.

Car c’est ici dans ces 20 titres formant une vaste et inextricable jungle pour terrain de jeu que les écossais expérimentent et mettent au point la formidable formule magique qui leur vaudra leur succès. Dans ce disque magique se synthétise la musique des premiers albums qui laisse présager cet avenir flamboyant. Abstraite, noire mais incroyablement et curieusement mélodique. Boards Of Canada prouve que sa musique ne doit pas autant à Autechre ou Aphex Twin qu’à lui-même. Dans les moments les plus accessibles (Nlogax) on se rend compte à quel point le groupe a influencé Daft Punk dont le manque de créativité, bien que des albums comme Discovery soit toujours aussi plaisants à l’écoute, crève ici les yeux. Radiohead lui-même ira piocher dans le label Warp et cet album pour son fabuleux diptyque Kid A / Amnesiac, réponse venue des années 2000 à l’Album Blanc, double album novateur foudroyant de lucidité, composé de deux albums simples.

Dans ce disque labyrinthique et d’une incroyable richesse les boucles de synthé ne tournent pas en rond, les rythmiques sont oppressantes, la musique ravage tout. L’ensemble est presque organique tellement on le sent vivant. Constamment en mouvement. On perçoit les méandres d’un angoissant univers aquatique dans Turquoise Hexagon Sun avant de s’envoler dans les airs avec l’impeccable M9. Dans les grands moments, comme dans les exceptionnels Carcan et surtout Concourse, trop court et presque pop, on sent bouger les vaporeuses nappes de synthé qui avancent sans cesse vers on ne sait où. On vibre en même temps que cette musique innovante et tellement capitale pour les années à venir.



Là où la musique de leur voisins de label d’Autechre peut parfois sembler trop austère et hors d’atteinte pour parler réellement à l’auditeur, celle de Boards Of Canada est une expérience totale qui emmène l’auditeur, ici voyageur et spectateur fasciné, dans des cimes inconnues pour ne plus jamais le relâcher. Les beats se confondent parfois avec ceux issus du hip-hop, les boucles de synthé sont mélodiques et l’ambiance est parfois plombante à défaut d’être plombée et reste ambiante et presque dansante. Le trip-hop lui aussi n’est jamais loin, Boards of Canada s’en inspirant largement depuis l’aube des années 90 tout en influençant partiellement la passionnante scène de Bristol.

Au-delà de signer ce qui se révèle vite être la pierre angulaire de sa discographie, BOC Maxima forme en 64 minutes ce qui forme, avec peut-être les sus-nommés d’Autechre et Massive Attack et leurs Tri Repetae et Mezzanine, les bases de la musique moderne dont l’influence ira bien au-delà des frontières de l’électro-ambient. BOC Maxima est sans conteste l’album le plus passionnant de la discographie du sobre et génial duo écossais. Sa musique n’est jamais aussi cohérente et indivisible que dans ce disque magique qui n’a pas fini de vous hanter en tant qu’auditeur mais aussi en tant que collectionneur, la recherche du sésame étant particulièrement ardue. Prions juste pour que quelqu’un quelque part se réveille et réédite cette merveille...



dimanche 8 juin 2008

Mes 100 disques à moi

Attention! Ce classement ne revendique...rien du tout.icon_biggrin.gif Aucune objectivité, aucun intérêt évident.doh.gif C'est juste une formidable démonstration de mon égocentrisme et de mon narcissisme. Mes 100 disques préférés de tout les temps. Des disques qui m'appartiennent et qui pour des raisons musicales ou personnelles ont comptés dans ma vie.

Bref, enjoy!peace_&_love.gif


1. Radiohead - Ok Computer - 1997
2. Pink Floyd - Meddle - 1971
3. The Strokes - Is This It? - 2001
4. Lou Reed - Berlin - 1973
5. Blur - Think Tank - 2003
6. The Beatles - Revolver - 1966
7. Pink Floyd - The Dark Side of The Moon - 1973
8. Belle & Sebastian - If you're Feeling Sinister - 1996
9. Neil Young - On the Beach - 1974
10. Yo la Tengo - And Then Nothing Turned Itself Inside-Out - 2000

11. Radiohead - Kid A - 2000
12. The Smith - The Queen is Dead - 1986
13. Television - Marquee Moon - 1977
14. Air - Moon Safari - 1998
15. Portishead - Dummy - 1994
16. Pixies - Surfer Rosa - 1988
17. Godspeed You! Black Emperor - Xanqui U.X.O - 2002
18. Lou Reed - Coney Island Baby - 1976
19. REM - Automatic for the People - 1992
20. My Bloody Valentine - Loveless - 1991

21. The Rolling Stones - Exile on Main St - 1972
22. Sparklehorse - It's A Wonderful Life - 2001
23. Explosions in the Sky - How Strange, Innocence - 2005
24. The Velvet Underground - The Velvet Underground & Nico - 1967
25. The Clash - London Calling - 1979
26. Neil Young - Tonight's the Night - 1975
27. The Libertines - Up the Bracket - 2002
28. Air - 10.000 Hz Legend - 2001
29. Joy Division - Closer - 1980
30. Pink Floyd - Wish You Were Here - 1975

31. Sigur Ros - Agaetis Byrjun - 1999
32. Belle & Sebastian - Dear Catastrophe Waitress - 2003
33. Radiohead - In Rainbows - 2007
34. Sonic Youth - Daydream Nation - 1988
35. The Beatles - Sgt Pepper Lonely Hearth Club Band - 1967
36. David Bowie - The Rise and Fall of Ziggy Stardust (And the Spiders From Mars) - 1972
37. Nick Drake - Pink Moon - 1972
38. Love - Forever Changes - 1967
39. Capitain Beefhearth - Trout Mask Replica - 1969
40. Radiohead - Hail to the Thief - 2003

41. The Beach Boys - Pet Sounds - 1966
42. Magazine - Real Life - 1978
43. The Coral - Roots & Echoes - 2007
44. Nirvana - Nevermind - 1991
45. Weezer - Pinkerton - 1995
46. Mark Lanegan - I'll Take Care of You - 1999
47. The Strokes - Room on Fire - 2003
48. Wire - Pink Flag - 1977
49. PJ Harvey - White Chalk - 2007
50. Goldfrapp - Felt Mountain - 2000


51. Massive Attack - Mezzanine - 1998
52. The Stooges - Fun House - 1970
53. Lou Reed - Transformers tease.gif - 1972
54. The Notwist - Neon Golden - 2002
55. The Who - Who's Next? - 1971
56. Oasis - Waht's the Story? (Morning Glory) - 1995
57. Bob Dylan - Blonde on Blonde - 1966
58. The Smiths - Strangeways Here We Come - 1987
59. Sigur Ros - ( ) - 2002
60. Tortoise - TNT - 1998

61. Cat Power - Moon Pix - 1998
62. New York Dolls - New York Dolls - 1973
63. Yo La Tengo - I Can Hear the Hearth Beating As One - 1997
64. The White Stripes - Elephant - 2003
65. Why? - Alopecia - 2008
66. Nick Cave - From Her to Eternity - 1984
67. My Morning Jacket - Z - 2005
68. Boards of Canada - BOC Maxima - 1996
69. The Smashing Pumpkins - Adore - 1998
70. Radiohead - Amnesiac - 2001

71. The Stones Roses - The Stone Roses - 1989
72. King Crimson - In the Court Of - 1969
73. Sparklehorse - Dreamt for the Years in a Belly of a Mountain - 2006
74. Of Montreal - Hissing Fauna, Are You the Destroyer? - 2007
75. Sly and the Family Stone - There's a Riot Going On - 1971
76. David Bowie - Low - 1977
77. Electrelane - Rock it to the Moon - 2005
78. Tom Waits - Sworfishtrombones - 1983
79. Beck - Sea Change - 2002
80. Autechre - Tri Repetae - 1995

81. The Ramones - End of the Century - 1980
82. dEUS - The Ideal Crash - 1999
83. Queen of the Stone Age - Songs for the Deaf - 2002
84. The Pretty Things - SF Sorrow - 1968/1969
85. Björk - Vespertine - 2001
86. Tv on the Radio - Return to Cookie Mountain - 2006
87. Blonde Redhead - Misery is a Butterfly - 2004
88. Marvin Gaye - What's Going On - 1971
89. The Brian Jonestown Massacre - Methodrone - 1994
90. Ride - Nowhere - 1990

91. John Coltrane - A Love Supreme - 1965
92. The Good, The Bad & The Queen - The Good, The Bad & The Queen - 2007
93. Pavement - Wowee Zowee - 1995
94. Jimi Hendrix - Electric Ladyland - 1968
95. The Sex Pistols - Nevermind the Bollocks - 1977
96. Thom Yorke - The Eraser - 2006
97. Pixies - Doolittle - 1989
98. Johny Cash - Live in San Quentin - 1969
99. The Chemical Brothers - Surrender - 1999
100. MGMT - Oracular Spectacular - 2008

vendredi 6 juin 2008

My Morning Jacket - Evil Urges




Que reste-t-il lorsque l’on est l’auteur de Z , chef d’œuvre atemporel paru en 2005 ? Comment survivre à cette brillante immortalisation des grands espaces américains ? Prairie remplie d’espace, d’air et de temps où, au coucher du soleil, Neil Young rencontrait Matt Elliott et Sparklehorse au coin d’un feu. Car il est bien question de cela. De survie. Survivre à un tel choc telle est la mission épineuse et gigantesque à laquelle s’attaque My Morning Jacket avec son nouveau-né Evil Urges.

Ils sont combien ? Combien à avoir coulé après un chef d’œuvre. Tellement. Television et son Marquee Moon, My Bloody Valentine et son Loveless, Oasis et son What’s the Story ? ( Morning Glory) pour ne citer qu’eux. Au moment où résonnent pour la première fois dans nos oreilles les premières mesures d’ Evil Urges, on a de quoi être inquiet. On a tellement vibré et aimé son magnifique prédécesseur que l’on a envie que les 5 du Kentucky se relèvent. Pourtant l’entrée en matière a tout pour faire fuir. Un premier single éponyme tellement étrange que l’on s’est demandé, lorsqu’il est arrivé à la rédaction d’IndieRockMag, s’il ne s’agissait pas d’une erreur. Des rythmes funky et une voix haut perchée qui rappelle Prince (!).

Est-ce là un moyen de dérouter et de détourner les auditeurs sceptiques afin de laisser les charmes d’ Evil Urges ne s’ouvrir qu’aux plus méritants ? En plage 3, l’horrible Highly Suspicious fait définitivement fuir les plus frêles. Pourtant... pourtant le miracle va commencer.

Quelque part on se doutait bien que le groupe allait se relever et nous entrainer à nouveau dans une contemplation du temps tranquille et paisible où l’on n’aurait qu’à se faire guider. Il ne sera pas exactement question de cela. Car Evil Urges est plus complexe et perfide que pouvaient l’être un Z ou un Tennessee Fire. Il est un aller-retour permanent entre échappées bucoliques et oppressantes atmosphères urbaines. Ces changements, ces mouvements permanents fascinent, entrainent, rendent cet album passionnant et nébuleux. Ils obligent l’auditeur à une attention constante. C’est ce changement qui est le plus notable dans ce disque en agitation perpétuelle. Après les grands espaces, My Morning Jacket nous fait découvrir une autre facette des États-Unis que malgré tout ses excès, ils admirent encore tant. Plus éclatée, à la fois urbaine et pastorale.

Mais les répits accordés, les fuites vers le calme et l’inconnu sont d’une beauté si pure qu’ils en semblent presque effrayants ou tout du moins irréels. Plus clairs et presque débarrassés de cette reverb’ dont on avait parfois l’impression qu’elle cachait quelques carences. Ces quelques doutes sont balayés. Comme une évidence. Les ballades sont nues, limpides (Sec Walkin’, Look At You). Les morceaux s’enchainent de façon tellement limpide que cela en devient presque trouble. Malgré ces changements d’ambiance, l’ensemble est incroyablement cohérent. On est constamment en trajet. Entre la bucolique campagne et une ville qui nous est inconnue. Une Ville, la ville. Dense et oppressante, que l’on cherche à fuir sans cesse. Où règnent trafic et pollution.

Les échappées sont vitales. Ces fugaces escapades dont on voudrait qu’elles ne s’arrêtent jamais. Ces après-midis de calme passées à contempler le silence. Alors qu’on était toujours rattrapé à un moment ou à un autre, à partir de Smokin’ For Shootin’ qui fait suite au tendu, enlevé et réussi Remnants, on fuit pour tout oublier. On entend une dernière fois ce qui semble ressembler à de stridentes sirènes de police qui font place au vent. Et cette fois-ci est la bonne. On s’oublie, on se vide. Les évanescents répits passés vont maintenant pouvoir s’éterniser.

Good Intentions et ses 8 secondes permettent de reprendre son souffle après cette course effrénée contre cette suffocante atmosphère urbaine.

En ce mois de juin qui devait s’annoncer calme, les américains de My Morning Jacket viennent d’envoyer un signal fort. Oui, on peut survivre à un chef d’œuvre. C’est même une nouvelle carrière qui commencent pour eux. Oubliez son glorieux ainé pour avancer. Evil Urges a tout d’une renaissance. Sublime et idéale. Peut-être juste un ton en dessous de Z. Ou tout simplement différent. Y donc. C’est parfait.

mardi 27 mai 2008

Xiu Xiu - Women As Lovers




Quand on a appris que Xiu Xiu publiait en ce début d’année un nouvel album, on n’a pas sauté comme des fous sur les murs avec un déguisement de lapin rose. Et même pour être honnête, on ne savait même pas que le collectif californien avait sorti l’un des albums les plus passionnants de cette année 2008.

On en attendait forcément un. Un album qui une bonne fois pour toutes nous ferait ranger au placard les palpitants Strawberry Jam et Personnal Pitch d’Animal Collective et de Panda Bear paru l’an dernier. On a presque commencé a désespérer lorsque soudain, en ce mois de mai plus calme que les derniers, on a eu la bonne idée de revenir en arrière pour se pencher sur ce disque à la pochette aussi superbe qu’énigmatique.

En auditeur conquis bien que suivant de plus ou moins loin les réalisations de Chou Chou, puisque cela doit se prononcer ainsi, il me semble avoir écouté au moins une fois chacun des captivants albums de la bande à Jamie Stewart. Captivants mais tous plus ou moins difficiles d’accès même si The Air Force en 2006 ouvrait déjà la voie a des morceaux plus évidents. Car malgré toutes leur trésors cachés, passer un disque de Xiu Xiu n’était pas forcément le premier réflexe que l’on pouvait avoir au saut du lit. Le moins que l’on puisse dire c’est que Women As Lovers comble cette lacune qui n’en était pas forcément une. Pour la première fois, on est conquis dès les premières secondes. Plus accessibles, les compositions restent toujours aussi foisonnantes de sons, exaltantes et complexes. Car même si la sortie est plus évidente à trouver que par le passé, le labyrinthe formé par les 14 pièces de Women As Lovers n’en est pas moins sibyllin, brumeux, fascinant et riche en surprise.

L’ambiance tendue, presque écrasante fait immédiatement penser à Why ?, génial fer de lance du label Anticon. Le livret, gentillement fourni avec l’album ne fait que parfaitement confirmer ces adjectifs. Il illustre parfaitement l’ambiance malsaine qu’il règne dans cette jungle inextricable. Une série de clichés de femmes soumises à des séances de tortures. Charmant. Comme toujours avec Xiu Xiu le classieux esthétisme de l’ensemble évite le "voyeurisme TF1". En plus de cela, il permet de mettre en lumière tout les tourments de la vie de Jamie Stewart. Arrivé à ce stade on le comprends clairement. Women As Lovers , n’est pas un charmant voyage dans un monde multicolore où l’on passera des journées à manger des chocapics en regardant des arc-en-ciel. Bon.

Mais si il ne respire pas la joie de vire, cet album a d’autres arguments à faire valoir. A commencer par la voix qui est la raison essentielle de l’admiration que beaucoup portent à ce groupe. Fragile une seconde, colérique celle d’après. Parfois triste ou désespérée mais invariablement agitée. A part ce premier extrait I Do What I Want When I Want et son zoli saxo un peu facile, on ne voit rien de bien enjoué dans cette ballade fantasmagorique ou effrayante au cœur de l’univers d’un des groupes les plus singuliers de la scène actuelle. Décrire ce que l’on ressent à l’écoute de ces ambiances feutrées et plombées serait une vaine expérience. On ne sait nous même plus trop. Car c’est l’auditeur lui-même qui se doit de découvrir cet oppressant monde dessiné par Jamie et ses compagnons. On se perd petit à petit, on se fond dans ces mouvances élégantes d’une sombre beauté.

Aucune fausse note si l’on omet, peut-être, cette reprise d’Under Pressure qui malgré tout ce qu’elle peut avoir d’agaçante n’est même pas si désagréable que ça. Sinon tout est fascinant. Comme à chaque fois. Une œuvre à part profondément singulière et ancrée dans notre époque de part ses thèmes modernes et dérangeants. L’horreur de Guantanamo, les enfants soldats ou encore l’homosexualité. On découvre au fil des pistes la vraie personnalité du personnage. Au bout des 14 titres, un constat s’impose. Jamie Stewart est l’un des songwritters majeurs de la scène américaine.

Le disque de Xiu Xiu est une nouvelle fois sorti dans une relative anonymat. Et après tout ce n’est peut-être pas plus mal. Xiu Xiu continuera quand même son bonhomme de chemin dans l’obscurité et la pénombre. Car, c’est bien connu, Jamie Stewart se brule comme un papillon au contact de la lumière. Alors, surtout ne vous ruez pas dans rayons pesant tomber sur la parle rare. Surtout n’essayez pas de combler vos lacunes. Surtout n’essayez pas d’écouter ce disque sur la foi de cette chronique ou d’une autre. Car ce disque ne changera pas vos vies. Ce disque n’est en rien le disque du siècle. Là n’est pas son ambition. C’est juste un livre fascinant qui s’ouvrira à qui sait s’y prendre. Avec le temps, une bonne gueule de bois et quelques larmes. Seulement.

mardi 20 mai 2008

The Brian Jonestown Massacre - My Bloody Underground



Chroniquer My Bloody Undergound, 12e disque du Brian Jonestown Massacre est une vraie épreuve. Le dernier né de la bande à Anton Newcombe, savant fou illuminé du rock, est un vrai chemin de croix. Un disque raté comme pas deux, sans queue ni tête. Mais pourtant et comme à chaque fois, le voyage est nécessaire. Prêt pour le grand saut ?


Il y eut de tout temps des disques que l’on qualifia de White Light/ White Heat moderne. Aucun ne méritait réellement ce qualificatif. Jusqu’à My Bloody Underground. C’est sans nul doute le disque le plus mal enregistré de l’histoire. A peine si le Metal Music Machine de Lou Reed arrive à l’égratigner. Des instruments désaccordés. Des couplets sans aucun sens. Des larcens de guitares mal contrôlés. Tout ce bordel forme un brouhaha indescriptible. Un mur du son impénétrable que l’on ne peut que regarder. Sans comprendre. On savait déjà qu’Anton Newcombe n’était pas quelqu’un à la personnalité très équilibrée. Mais l’homme a déménagé. Exilé en Islande, terre de Björk ou Sigur Rós, dans ce pays de feu et de glace, coupé du monde, sans rien, il va encore plus mal.

Anton. Le roi du sabotage médiatique. L’homme à qui les journalistes qui sont arrivés à tirer une interview cohérente sont décorés de la légion d’honneur. Un corps présent sur Terre, mais un esprit qui a depuis bien longtemps pris la fuite. Un personnage singulier. Que seul Lester Bangs s’il était encore là aurait peut-être compris. Un homme qui peut être froid et terrifiant une seconde. Puis vous tomber dans les bras celle d’après. Un roc que même l’alcool, la drogue ou le temps n’affectent pas. Un illuminé qui a donc pondu des disques. Excellents même parfois. Puis il y a celui-ci aussi. L’apologie du bruit ou du néant. Au choix.

Une expérience. Une vraie. Ce disque est dingue. Un poison. A faire passer The Warlocks ou Joy Division pour de joyeux fêtards. Vide. Ni mélodie. Ni mixage. Ni production. La voix pleure. S’entend à peine. Rien. Une plongée dans les méandres de l’esprit du musicien le plus fou de ces 15 dernières années. Une chute libre qui n’en finit plus. Voilà maintenant prévenu l’auditeur qui voudrait s’attaquer à ce singulier opus. Car le voyage n’est pas donné à tout le monde. Il y aura deux catégories de personnes. Ceux qui iront jusqu’au bout et les autres. Pour les premiers, cet enfer aussi gigantesque qu’impénétrable sera une expérience unique. Une odyssée puant le bad-trip à plein nez. Une expédition au cœur du vide dans laquelle ils se jetteront sans cordes ni filet. Les autres, eux, quitteront le navire dès la première plage, effrayés par cette montagne qui se dresse devant eux, orageuse et noire. Comme ils ont bien fait.

Car ici rien ne transparait de cette masse difforme qui avance sans que l’on n’y puisse rien. Rien. Rien. Ou si peu. Une ballade au piano toute en fausses notes et une chanson au titre imprononçable (Ljosmyndir). Sinon le néant absolu. My Bloody Underground est sans conteste un gigantesque manqué. Il n’en est pas pour autant inerte ou sans intérêt. Il est même passionnant. On rentre dans la tête d’un génie fou à lier que l’alcool, la solitude, la folie ou peut-être même tout cela à la fois a poussé à la dérive. Ce disque est peut être un appel au secours, caché sous ses Himalayas de distorsions et ses Fosses des Mariannes du vide.

Car cet album est inquiétant. Oppressant. Il ressemble à un manoir abandonné depuis des années. On y entre sur la pointe des pieds. La peur au ventre. Mais on n’en sort pas. Trop attiré par ce naufrage. On écarte les planches de bois brisées et la crasse qui s’est empilée comme les couches d’instruments. Car ici tout n’est que poussière. Newcombe jubile. Il sent que la victoire sur l’auditeur piégé comme une fourmi dans une toile, se rapproche à chaque pas que l’on effectue. Puis, quand à la suite d’une glissade maladroite, qui traduit naïvement notre angoisse, on tombe, c’est pour ne plus jamais se relever. Blackout. Le noir nous entoure. On ne voit plus rien. La rythmique joue plus vite. Plus fort. Dans cette chute, cet oubli vers nulle part et partout ailleurs, le vide n’a jamais paru aussi dense. On est attiré dans un Trou Noir. 10 minutes de Black Hole Symphony. Tout se perd. Où sont le haut, le bas ? De l’air ! De l’air ! On suffoque.

C’est terminé. Terminé. Enfin. Calme.

Comme par miracle, nos quelques sens restant reviennent. Miracle. Comme ce disque d’outre-tombe d’un homme déjà mort depuis longtemps. Parvenue à nous alors que l’on pensait qu’il ne restait plus rien, la lumière. Enfin. On ne sait d’où elle arrive mais on court vers elle. Dans un dernier effort qui sonne comme un chant du cygne, Newcombe tente de nous accrocher la jambe. En vain. On se réveille en sueur. Haletant. Le disque est terminé. Non c’est plus que le disque. On vient de vivre la mort du Roi. Rien ne sera plus jamais comme avant.

Et quand on repose la pochette dans la discothèque pensant que tout est terminé, on entend un dernier cri. On aperçoit un sourire narquois et démoniaque. On hurle. Le noir se fait de nouveau. Et tout repart.

jeudi 15 mai 2008

The Strokes - First Impressions of Earth


Et si c'était finalement celui-ci. Le vrai disque gueule de bois des 5 de New-York. L'idée généralement reçue est qu'il s'agirrait de Room on Fire. Disque urbain. Oppressant et singulièrement représentatif de la "Grosse Pomme". Disque torturé et mal-aimé, comparé injustement à une vulgaire redit sans charme d'un premier opus, Is This It?, presque trop beau. Disque gueule de bois fut d'ailleurs le seul terme juste employé à l'époque pour décrire cette ballade nocturne et blafarde dans la nuit de NewYork, entre l'agitation de Time Square et la contemplation du silence sous le ciel étoilé de Central Park.

Et pourtant. Le stress. L’angoisse. Le futur et toutes les incertitudes qu’il comporte. Les thèmes dominants de First Impressions of Earth , troisième opus des Strokes, lui permettent sans mal d’accèder lui aussi à ce titre absolument pas réducteur. Le quintet a pourtant évolué de manière spectaculaire entre 2003 et 2006. D’un point de vue musical en tout cas. Malgré tout l’ambiance arrive à rester la même. L’univers perdure. Et puis, cet album est presque un miracle. Les Strokes ont en si peu de temps frôlé déjà tellement de fois la sortie de route. De fin 2001 à 2004, un tunnel. Les Strokes découvraient le succès, son ivresse et ses revers. Un premier opus plein d’espoir et chatoyant, adulé de tous. Suivit d’un second cynique, plus froid, parfois maladroit mais superbement touchant et inutilement rabaissé par la critique. Le parcours d’un groupe de rock classique a qui tout a souri. Trop. Trop vite. Le fameux Too Much, Too Soon des New York Dolls.

Ce troisième album était donc une sorte de retour des enfers. Un come-back venu de nulle part d’un groupe que tout le monde pensait détruit. Un miracle, certes. Mais pas pour autant un retour en grâce. La faute au critiques. Encore une fois. Et, chose nouvelle à une partie de son public. Et pour cause, First Impressions of Earth n’est pas un disque facile. C’est un album encore plus torturé que le précédent. Anxieux. Moderne dans les thèmes qu’il aborde. Un vrai disque gueule de bois. Voilà c’est exactement cela.

Oh, tout le monde est d’accord sur une chose. Casablancas, Moretti, Fraiture, Valensi et Hammond Jr ont muri. Et le premier des 5 prend une place de plus en plus importante au sein du collectif au point qu’Albert Hammond aille prendre l’air en solo pour nos refourguer ses charmantes compositions bucoliques et rêveuses ( Yours to Keep en 2006). Le son est érigé en symbole de ce changement. Seul le sublime Electricityscape garde les traces de ce son électronique présent sur 12:51 ou The End has no End. Partout ailleurs il est plus dur. Et pour la première fois, produit. Oh, sacrilège impardonnable pour certains. Moins évident de prime mais tellement plus profond. Un poison insidieux et perfide laissant son œuvre agir avec le temps. Tout en douceur. Oh, pourtant tout commençait bien. You Only Live Once est même plutôt porteur d’espoir. Presque un hymne à la vie. Oh, oui jusque là tout allait bien.

Souvenez quand en 2001, une poignée de groupes qui formaient la partie émergée de l’iceberg donnèrent un coup de fouet à toute une génération. Tous en The. Strokes, Libertines, White Stripes, Kills, Vines. Ces groupes qui laissèrent quelques albums d’anthologie. Is This It ? , Up the Bracket , Elephant , Highly Envolved et Keep on your Man Side . Peut-être pas capital d’un point de vu musical. Mais plus sur le point de vue de l’influence. Toute une génération a vécu avec. Comme les précédentes l’ont fait avec Nirvana, les Smiths, Joy Division, les Stones ou les Beatles. Ces 5 groupes avaient la bonne dégaine, étaient là au bon moment. Puis, un jeu de massacre. Les uns ont splitté ou sombré avec un leader mégalo à leur tête pendant que les autres prirent d’autres chemins ou furent tout bonnement oubliés. Au milieu de cela les Strokes donc.

First Impressions of Earth est un album qui fait évoluer fondamentalement la musique des new-yorkais. Alors forcément, c’est un album qui divise. Pour certains un chef d’œuvre. Le meilleur de tous. Pour les autres, un accident. Ou alors la preuve que les Strokes ne valait plus rien. Oh, bien sûr, il possède ses mauvais côtés. Un effet rétro/slash/métal chiant sur la guitare de Valensi. Les guitares et les solos sont peut-être le point le plus discutable de l’album. Celui du, pourtant magnifique, Ize of the World et surtout celui de Vision of Division sont une catastrophe. Pour la première fois aussi, il a de mauvais titres. Oh, bien sûr il y avait déjà quelques titres passables sur les deux précédents albums (Soma, The Way It Is) il y en a ici aussi beaucoup plus. 14 titres dont au moins deux ou trois sont dispensables. La ballade anxieuse et somnambule Killing Lies, pourtant très représentative d’un album insomniaque, qui ne parvient jamais a réellement à décoller. Ou le trop gentil Evening Sun co-écrit par Fabrizio Moretti. Mais c’est aussi ça les années 2000. La nonchalance. L’imperfection. Mais une imperfection empli de charme.

L’album des années 2000. N’en déplaise à certains. Pas seulement et même pas du tout d’un point vue musical. Car First Impressions of Earth est loin d’être parfait. Ce disque est juste si important. Si je vous ai déblatéré tout ça sur les années 2000 tout à l’heure c’est pour comprendre cela. First Impressions of Earth raconte cela : Les années 2000. En porte tout les symptômes. Les Strokes tombent à leur tour dans cette mode qui consiste à balancer tout ses singles au début de l’album. On retrouve donc les 3 singles en plage 1,2 et 3. Moderne également dans ses ventes. A peine plus d’un million, les plus mauvaises du groupe. Ceci est paradoxal alors que les places de la tournée ne se sont jamais aussi bien vendu. Un reflet de l’industrie du disque actuel. First Impressions of Earth traduit notre époque jusqu’au bout.

Mais il ne dépeint pas cette angoissante décénnie d’un point de vue exclusivement musical. Il exprime les craintes de cette jeunesse. Ses peurs et ses espoirs. Ses dérives et ses abus. Raconte ses problèmes. Cette histoire d’amour qui finit mal dans Razorblade. Un thème récurrent chez Casablancas. 14 complaintes qui forment un tout. Comme sur Room on Fire , on retrouve une vraie évolution. Des morceaux qui deviennent de plus en plus anxieux et nihiliste après les 3 singles inauguraux. Un disque qui culmine plusieurs fois. Sur Fear of Sleep. Ce cri déchirant. Un appel au secours angoissant et terrifiant. Au point d’en perdre à son tour le sommeil. Et sur On the Other Side, ce titre presque autobiographique et ce couplet qui fait mal "I hate them all, I hate them all/ I hate myself for hating them/ So drink some more/ I’ll love them all/ I’ll drink even more/ I’ll hate them even more than I did before". Ces moments de réconfort, faisant part de la solitude de Casablancas nous rapproche. C’est ce qui reste quand on a tout perdu.

Tout cela prend tout son sens, se rassemble et se synthétise dans le titre de l’album. Un titre exceptionnel d’ailleurs. Génial. First Impressions of Earth . On leur demande à tour de bras en interview la signification. Sourires. Mystère. A chaque fois. On l’interprète comme on le veut alors. Comme un reflet de ce que verrai quelqu’un qui viendrait de prendre pied sur la Planète Bleue. Un tableau noir. Qui ne donne qu’une envie. Repartir. Fuir. S’échapper.

Les textes sont les plus aboutis et prennent pour la première fois le pas sur les imparables mélodies. Ces fameuses mélodies. Qui tranchent tant avec les textes. Les chansons ont le gout d’un baiser. Mais un baiser amer. On voit un Julian Casablancas au sommet. Ize of the World est peut-être sa chanson la plus aboutie, les paroles sont géniales, subtiles et noires. A l’instar de ce Red LightCasablancas parlent de cette génération qui n’a "rien à dire". Puis parfois on atteint à nouveau les sommets de l’absurde telle qu’on les trouvaient sur Automatic Stop. Ses paroles impénétrables et troubles. Comme dans cet appel à l’aide lancinant joué à l’aide du seul mélotron. Ask Me Anything. Un modèle du genre. "Don’t be a coconut/ God is trying to talk to you". Allez comprendre.

Avec ses moments de grâces, ses défauts, ses qualités et ses textes noirs, terrifiants, incisifs, corrosifs même. Son comportement moderne jusqu’au bout. First Impressions of Earth est belle et bien LA bande-son de ces angoissantes années 2000. Un album faisant le point sur cette décénnie décidément curieuse. Tout l'intérêt d'écrire en 2008 sur First Impressions of Earth réside là. Il faut comprendre. Ce disque capital. Le cri d’une génération.

mardi 29 avril 2008

The Raconteurs - Consolers of the Lonely


Jack White s'est-il perdu dans la riante campagne ricaine?


Il arrive tout les jours de ces albums qui ne met personne d’accord. Le nouvel album de la bande emmenée par Jack White et Brendan Benson est de cela. Il en fut de même pour le dernier album des rayures blanches, autre groupe de Jack White quand il ne part pas parcourir l’Amérique profonde accompagné de ses potes de toujours. Icky Thump tombé l’an dernier, ouvrait à la manière de Get Me Behind Satan en 2005, une nouvelle voie aux White Stripes . Mais voilà exactement à la manière de ce dernier, un bon nombre de fans sortirent du voyage quelque peu déroutés. Les envolées celtiques et presque lyriques de San Andrews ont quelques peu divisé la communauté secrète du groupe de Détroit, groupuscule se réunissant 3 fois par semaine au bois de Savigny/Orge.

Blague à part, il faut dire que cela risque bien de se passer exactement comme cela pour ce Consolers of the Lonely . Passons outre la sortie en forme de pétard mouillé qui se voulait novatrice , car finalement cela n’a pas eu le retentissement attendu. Bref, personne n’en a jamais rien eu à cirer car The Raconteurs n’est pas Radiohead. Il y avait une question en suspens. Jack White allait-il continuer sur la voie de Icky Thump ou retourner à des fondamentaux plus terre à terre ? Les deux premiers titres sont excellents. L’éponyme et le single Salute your Solution. Ça explose, les guitares attaquent. On est heureux comme des gamins. L’intro rêvé.Mais c’est après que ça se gate. Dès la plage 3. You don’t Understand Me. Effectivement. On ne voit pas trop où il veut en venir. Morceau en mid-tempo avec des chœurs agaçant au possible. Accident de parcours se dit-on. On commence réellement à paniquer quand les instruments celtiques arrivent. Là où ils sublimaient les mélodies dans Icky Thump , ils les rendent inertes dans Consolers of the Lonely . C’est tout juste si le timbre de Jack White parvient à rattraper l’ensemble.

C’est en train de devenir une évidence. Jack White ne fait des disques que pour lui. Il invite ses potes et c’est parti pour une jam session qui dure toute la nuit. C’est surement très sympathique dans son canapé avec une bouteille de Jack Daniels à la main. Mais une fois cela posé sur disque on n’en voit plus trop l’intérêt. L’ensemble sonne daté. Désespérément. Il y a bien des morceaux qui rattrapent le tout. Comme ce superbe Carolina Drama en conclusion ou l’incisif Hold Up qui part à 200 à l’heure pour ne plus jamais se laisser rattraper. Sinon tout n'est que sympathique (Many Shades of Black) ou agaçant. A m'instar des cuivres indigestes et lourds comme sur The Switch & The Spurs qui font oublier tout ces bons moments. C’est bien dommage.

On cherche en vain le vain le Jack White flamboyant de White Blood Cells et Elephant . Le brouillard nous fait perdre notre chemin. On s’égare. On pleure. Where are you Jacky ?

1. Consoler of the Lonely
2. Salute Your Solution
3. You Don’t Understand Me
4. Old Enough
5. The Switch and the Spur
6. Hold Up
7. Top Yourself
8. Many Shades of Black
9. Five on the Five
10. Attention
11. Pull This Blanket Off
12. Rich Kid Blues
13. These Stones Will Shout
14. Carolina Drama

jeudi 24 avril 2008

MGMT - Oracular Spectacular



Qui à la vue de cette pochette absolument hideuse a eu envie d'en savoir plus sur les MGMT, nouvelle sensation de la scène psychédélique new-yorkaise? Qui n'a pas tenté de fuir à la vue de leur look totalement trash et rétro? Soyons honnête, pas grand monde. L'auteur de ces lignes le premier. Mais les rumeurs parlant d'un album cyclonique, complètement dingue et barré m'ont convaincu. Mais à vrai dire les dès étaient pipés à l'avance. On entre. Une question en suspens. MGMT résistera t-il à la hype?

On est débarqué sur Time to Pretend. Titre fiévreux. Intense. Malade. Avec un évident penchant schizophrène. Premier single fabuleux. Aidé par un clip à qui tout ces adjectifs conviennent à merveille. Finalement on a peut-être bien fait d'entrer dans ce délire carrément givré. Club un brin enfumé où la décadence freak Of Montreal croise les délires haut perchés dans le ciel Tv on the Radio au détour d'un couloir en spirale. Mais, pour tenter de comprendre comment l'album le plus joyeusement barré de 2008 a pu voir le jour, il faut revenir à l'origine, au background. Là se situe l'essence même du duo. A la base MGMT, c'est Andrew Vanwyngarden et Ben Goldwasser qui se rencontre dès 2002 dans l'université de Middletown, Connecticut. L'histoire de MGMT est à l'image de leur musique. Moderne. Profondément ancrée dans ce début de millénaire. S'en suit une série de concerts où l'on imagine très bien l'ambiance Sex, Drugs & Rock'n'Roll, à travers l'Amérique profonde et puritaine où les new-yorkais, on l'imagine sans peine, ont du faire pas mal de boucan.

Remplie d'influences diverses, la musique de MGMT est pourtant unique et nouvelle. Le minimalisme new wave de Suicide et l'univers labyrinthique de Why? font émerger un fantastique melting pot musical résolument tubesque quelque part entre les expérimentations sonores d'Animal Collective et l'éléctro pop de Klaxons. Moderne. Je l'ai déjà dit je le répète. Pourtant très clairement hanté par le psychédélisme typiquement 60's, aucun qualificatif ne décrit mieux ce délire hystérique qu'aurait pu atteindre Bloc Party avec plus de dérision et sans ce côté rock des stades agaçant. On ne peut s'empêcher de chercher la formule magique de cette musique entêtante agissant comme un drogue d'un nouveau genre.

Les drogues sont d'ailleurs surement l'aspect le plus important chez MGMT. Elles sont partout. Pourtant, on ne les voient pas. Elle passent. Et ne laissent qu'un troublant souvenir. On les croisent dès l'entrée. On aperçois David Bowie assommé, shooté dans un sofa, se disant surement qu'il peut se retirer tranquillement. Enregistré sous hélium à 3 heures du matin, ces 10 brulots absolument jouissifs sont caractéristiques de notre société de l'instantané. Dans 5 ans, MGMT ne sera surement plus qu'un souvenir heureux qu'on se remettra en tête avec amusement en dansant sur les nouveaux "génies" intronisés "maitres du monde" par Pitchfork ou le NME.

Pourtant ses rythmes entêtants et ses mélodies propices a sauter sur les murs, cachent un évident pessimisme. La missive finale Future Reflections notamment, reste indéniablement froide et lucide. And remember what it felt like/ To be alone/ Sitting in the sunlight/ All alone. Le duo a parfaitement compris les enjeux de la musique d'aujourd'hui. Dénoncer cette société d'excès par encore plus d'excès. Faire la fête pour oublier. Ces 10 comptines acidulés et pétillantes auraient très bien pu plagier Bukowski et prendre le nom de "Contes de la folie ordinaire". Cela conviendrait parfaitement. Le tout sans tomber dans les messages politico-écolo-chiant de Radiohead & co. Chacun son job. Celui de MGMT serait de nous emmener dans des cimes nouvelles. On entrevoit même les portes de la quatrième dimension grâce à l'épique 4th Dimensional Transition. Titre fantastique. Tendu. Où tout est toujours tout prêt à tomber en poussière. On résiste tant bien que mal. L'esprit se vide et on s'envole. Car même si les pieds restent solidement attachés dans le sable, la tête elle est déjà loin partie chercher des réponses dans le ciel. Au détour de quelques nuages, on aperçoit des dauphins qui volent. L'histoire n'est peut-être jamais aussi belle que dans les airs après tout.



La vidéo de Time to Pretend, premier single halluciné et hallucinant



Et pourtant, Oracular Spectacular n'est pas l'album parfait. Loin de là. Certains titres poussent trop loin les tentatives psychés d'établir un pont entre les années 2000 et le Summer of Love. Un pont ou plutôt un poignée de main, sur un The Handshake indigeste. L'utilisation effrénée de la reverb par un David Friedmann (Flamming Lips, Mercury Rev) que l'on connait coutumier du fait, agace aussi. Mais une telle tornade, une telle bombe sans retardement nous envoie une dose d'électricité si intense si violente qu'on ne peut que sombrer. Délirante fantaisie et fantastiques délires sont au menu de cet Oracular Spectacular.

Accrochez vous. Cette année 2008 va faire du bruit et les MGMT encore perchés tout là haut au pays des merveilles n'y seront certainement pas pour rien. On sort épuisé. A moitié conscient. Et si tout cela n'était finalement qu'un rêve?

jeudi 17 avril 2008

Belle & Sebastian - If You're Feeling Sinister




Belle & Sebastian
. If You're Feeeling Sinister. Un groupe. Un album. Pour tout amateur de pop indépendante, cet album représente plus qu'un simple disque. Il y eut le petit livre rouge. Il y a désormais le petit album rouge. Un prestance et un classe incroyable. Une petite mélodie qui flotte dans l'air. Une légère mélancolie vous pénètre. Vous venez d'entrer dans l'univers de Belle & Sebastian.

Les premières notes de The Stars of Track & Field s’échappent. On lâche un sourire presque inconscient qui nous trahit déjà. If You’re Feeling Sinister . Le titre aurait certainement dû nous aiguiller. Un rempart infaillible contre la solitude et la tristesse. Deuxième album du groupe écossais, Belle & Sebastian, formé autour de son charismatique chanteur Stuart Murdoch, If You’re Feeling Sinister , d’une magnifique et désarmante simplicité, est un pur chef d’œuvre.

Sûrement le moins travaillé de tous les albums du groupe. Le plus touchant aussi. Pop et mélodique, il n’est pourtant pas facile d’atteinte pour tout le monde. Souvent considéré comme très niais et naïf. Ce qu’il est indéniablement. Pourtant sous ces abords peu recommandables, Belle & Sebastian cache une véritable attirance pour une pop enlevée, inspirée et sublime. Il faut en effet du temps. Du temps pour avoir enfin le privilège de pénétrer dans l’univers du septet écossais. Les uns se jetteront donc sans ménagement sur ce petit joyaux. Les autres, trop aveugles, intimidés ou même jaloux resteront à l’écart, se moquant gentiment et proclamant ironiquement Get Me Away I’m Dying ! Intimiste. Généreuse. Sans aucune exubérance ni prétention. Telle est la pop, typiquement britannique de Belle & Sebastian. Es-ce donc véritablement un hasard si le groupe a longtemps refusé les séances photos et les interviews ? Belle et Seb’ est également un groupe rempli de paradoxes. Les mélodies sont enlevées et presque joyeuses. Et pourtant le chant est touchant et déprimant. Mélancolique et fragile.

Imparable remède contre les longues après midi en solitaire. A l’exception peut-être du vraiment triste The Boy Done Wrong Again. “All I wanted was to sing the saddest songs/ If somebody sings along I will be happy now”. On est promené de ballades en ballades. Déportés, on suit le cours du disque sans effort ou presque. On perçoit le long de cet oubli, si beau qu’il en parait presque irréel, la luxuriance des paysages et des arrangements. Les cuivres de Judy and the Dreams of Horses. L’harmonica qui fait signe ici et là. On peut Belle et (Sebastian...) bien tenter de résister à cette pop charmeuse d’une perfection agaçante. Mais quand on se rend enfin compte que tout nos efforts de luttes, de défenses, sont vains et inutiles, on se laisse enfin porter. Oublier. On est bien au pays des rêves.

Notre relation à cet album est longue et complexe. Plus qu’un simple disque. Cet univers bien plus tortueux qu’il en a l’air met en éveil tout nos sens. C’est à chaque fois pareil. On pose le disque sur la platine. Puis c’est immédiat. On se prend à rêver de cette douce mélancolie qui tourne et retourne sans interruption. Et quand soudain on revient à nous c’est pour s’apercevoir que 6, 7 écoutes ont passé. A l’image de cette parfaite pochette. Que l’on tient près de nous. Comme un trésor précieux. Cette image. Qui reste en tête. Un femme rêveuse. A moitié endormie. Un livre ouvert. Près d’une fenêtre. Ouverture sur un monde utopique. Ephémère voyage au pays des songes. En pleine Verve brit-pop (puis Oasis, Blur, tout ça), un havre de paix dans un monde sûrement trop turbulent. Un monde trop rapide. Dans lequel il faudrait prendre le temps de se poser. Si je devais retenir un message du Petit Album Rouge ce serai surement celui-ci. S’assoir alors que tout bouge autour de nous. Contempler le temps. L’espace. Pour finalement se sentir seul.

Car et si finalement il n’était question que de ça. D’oubli. De solitude. De la peur de l’extérieur. “Cause the word out on the street is you are starving/ Dont let yourself grow hungry now/ Dont let yourself grow cold/ Fox in the snow”. Finalement oubliez ce que je vous ai dit. If You’re Feeling Sinister n’est pas un rempart contre la solitude. C’est d’ailleurs tout l’inverse. Elle n’est jamais aussi grande qu’en écoutant un tel disque. On s’en rend compte au fur et à mesure que l’on avance dans le disque. Et les mélodies souvent accueillantes et chatoyantes de Murdoch ne font illusion qu’un temps. Un mirage. Pour finalement faire apparaître un désarroi plus grand. Qu’il fallait en fait chercher. Longtemps. Encore et encore. If You’re Feeling Sinister n’est finalement qu’un album dépeignant la détresse. D’une manière si humaine qu’elle n’en est que plus belle. Quelques chansons font encore trompe l’oreille malgré l’épreuve du temps (Mayfly, Me & The Major), mais ce ne sont que quelques taches de verdures perdues dans un univers brumeux. Trempé.

Sinon tout n’est que pesant silence et solitude désespérée. Le ciel s’épaissit en fait petit à petit. La pluie commence à tomber. En même temps que nos rêves. Et quand sonnent les premières mesures de The Boy Done Wrong Again, plus rien ne compte. Simplement. Merci.



  1. "The Stars of Track and Field" – 4:48
  2. "Seeing Other People" – 3:48
  3. "Me and the Major" – 3:51
  4. "Like Dylan in the Movies" – 4:14
  5. "The Fox in the Snow" – 4:11
  6. "Get Me Away From Here, I'm Dying" – 3:25
  7. "If You're Feeling Sinister" – 5:21
  8. "Mayfly" – 3:42
  9. "The Boy Done Wrong Again" – 4:17
  10. "Judy and the Dream of Horses" – 3:40
Sortie 18 Novembre 1996
Enregistré Ca Va Studio, Glasgow
Genre Pop Charmeuse
Durée 41 minutes 17

Label Jeepster Records
Producteur Tony Doogan

mercredi 9 avril 2008

Pakside - Cables




Que se passe t-il quand deux des rédacteurs de l'Indierockmag (RabbitIYH et moi-même) décidons de défendre coute que coute la plus grande révélation de ce début d'année, à savoir les hollandais de Parkside? Enfin, révélation est un bien grand mot puisqu'un manque de reconnaissance cruelle touche ce collectif qui le mérite tellement. Ça donne en tout cas une chronique pleine d'envie et flairant le joyeux bordel pas toujours contrôlé. On espère sincèrement que vous courez à la découverte de ces aventuriers du son après l'avoir lu. Filez sur Myspace, LastFM qui distribue tout les titres ou Paypal pour vous procurez ce disque. Mais faites quelque chose. Et vite. Enjoy!

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En ce début 2008 décidément bien riche, surgit Parkside. Autant le dire tout de suite. La révélation de l’année. Mais ce Cables au titre aussi étrange qu’énigmatique ne vient pas pour autant de nulle part.

Car cet album, à la rédaction d’Indie Rock Mag, on l’attendait depuis 2006 et quelques morceaux découverts au détour d’un player alors que l’on faisait nos premiers pas sur myspace, se demandant encore s’il était vraiment possible de tomber sur un tel groupe encore inconnu ou si l’ivresse de la nouveauté (cette façon encore neuve pour les artistes de faire connaître leurs univers en mettant leurs chansons à disposition des internautes, en allant carrément les chercher "chez eux" pour créer un rapport de proximité encore inimaginable quelques années auparavant) nous avait fait perdre toute capacité de jugement.

Mais quelques écoutes plus tard d’un EP encore tout chaud offert en libre téléchargement, The Desintegration Service , et on était définitivement rassuré, et assuré d’avoir mis le doigt sur une étoile en devenir.

Il aura depuis fallu deux ans au groupe pour accoucher de ce deuxième album tant attendu au moins par nous (le premier était paru en 2003 dans la confidentialité), et mois après mois nous en découvrions les morceaux sur myspace, tant et si bien qu’à sa sortie en mars nous connaissions déjà, en comptant les deux titres présents sur le fameux EP, deux bons tiers des chansons. Certains attendaient de l’entendre pour y croire, les autres en étaient déjà persuadés, Cables allait marquer le rock en 2008. Après tout, que fallait-il encore à Parkside pour réussir son coup ? Une poignée de morceaux capables de se hisser à la hauteur de ceux déjà connus, un tracklisting assez bien construit pour dépasser la simple somme de ses parties... tout ce qui fait un grand album, en définitive, si l’on y réfléchit. Avec le recul, nous aurions donc dû avoir peur. Mais le souvenir d’une session live tout bonnement extraordinaire pour Fabchannel.com ne laissait aucune place au doute dans nos esprits. Avec raison.

Quelque part entre les constructions mouvantes et schizophrènes de Radiohead, la fièvre et l’intensité de dEUS, l’onirisme aventureux des Flaming Lips et les nappes électro planantes de The Notwist, Cables est ainsi, d’ores et déjà, l’un des tout meilleurs albums de 2008. Rien de moins. Un labyrinthe sonique qui devrait en laisser plus d’un à terre. Les premiers titres posent les bases d’un album à la fois complexe et accrocheur, angoissant et flamboyant. Le reste, construit sur ces solides fondations, se chargera de vous achever une bonne fois pour toutes. Les sonorités électroniques procurent un léger côté malsain qui ne fait qu’ajouter à l’attrait de ces chansons aussi troublantes que fascinantes. Mais quelques morceaux comme le touchant An Angel In The Afternoon nous prouvent s’il était besoin que Parkside est également capable de maîtriser à la perfection toutes les sonorités pop. "Pop" étant néanmoins un mot par trop réducteur pour qualifier la musique particulièrement hybride de ces hollandais pas comme les autres.

De fait, partant à la découverte d’horizons musicaux dont la profondeur de champ n’a d’égale que la richesse et la luxuriance, Parkside n’a pas attendu d’être reconnu pour se lancer à l’abordage de ces nouvelles contrées sonores. C’est peut-être ce qui déroutera l’auditeur peu averti, qui préfèrera le confort de paysages plus classiques ou plus chatoyants. Car dans ce voyage vers nulle part et partout ailleurs, on a parfois l’impression de se perdre dans une immensité déroutante qui ne sera pas sans rappeler Autechre ou Radiohead période Kid A / Amnesiac . Tout cela s’entend dès le premier morceau The Disintegration Service - quel titre ! - avec cette intro d’électro déréglée sonnant comme une rencontre entre Lali Puna et le label Warp, qui cède bientôt la place à un rock minimal nourri au dub de Bristol avant de s’ouvrir à une luxuriance d’arrangements de cordes et de claviers à coller le frisson. Le groupe fait alors figure d’aiguilleur du ciel. Son but : nous guider, en commençant par nous introduire à son univers ouvert aux quatre vents et pourtant profondément singulier, autiste même si l’on en croit cet hymne à l’inadaptation en tant que mode de vie assumé par le songwriter René de Wilde et ses amis. Cables est donc un album qui se mérite. Mais une fois apprivoisé il se révèle enfin. Comme tout les grands albums, le chemin pour l’appréhender dans son entier est tortueux. Ça monte et ça descend. Parfois la pente est abrupte et l’on peine à garder la cap, mais de-ci de-là des titres plus faciles d’accès nous aident à continuer. On ne saurait les remercier suffisamment. Car parvenu au sommet, c’est un régal. Un paysage d’une richesse rarement égalée s’offre à nous à perte de vue. Tant et si bien que dès les premières écoutes, l’album semble pratiquement inépuisable.

Parkside alternera ainsi brillamment jusqu’au dernier morceau de Cables ambiances plombantes, refrains planants, envolées lyriques, accès de rage et plongées au pays des songes. L’impressionnant Stay Connected étant peut-être le titre qui symbolise le mieux les nombreux contrastes et paradoxes de cette musique étrange, barrée mais pourtant si proche, qui n’a assurément pas fini de nous passionner.


lundi 7 avril 2008

Contact

En attendant le retour des chroniques, pour très bientôt, j'en profite pour dire que pour toute suggestion/questions/commentaires vous pouvez me contacter ici casablancas@indierockmag.com
J'essaie toujours de répondre dans la mesure du possible. N'hésitez pas!

lundi 24 mars 2008

Love You Lou




A vrai dire, j’avoue volontiers que je réécoute aujourd’hui sans mal tout les albums de Lou Reed. Même les plus mauvais et il y en a. Mais pas Transformers . Trop évident ou facile. Pourtant j’ai ressorti la chose hier. Et je vais être honnête. Cela faisait longtemps qu’en dépoussiérant un album je n’avais pas été autant bouleversé. Même si je préfère de loin Berlin ou Coney Island Baby , force est de reconnaitre de cette plongée au cœur du New York des années 70 en compagnie du Rock’n’Roll Animal est sublime. Parfaite de bout en bout. Lou signe une performance sans faute tout du long. Un disque paradoxal Transformers . L’album de tout ses (seuls ?) succès. Vicious, Perfect Day, Satellite of Love et... Walk on the Wild Side bien sur. Tout est là. C’est ce morceau qui comporte le plus grand paradoxe de Lou. Comment a t-il bien pu signer un des plus grands succès des 70’s sans jamais avoir une culture du single et bien au contraire ? Et puis par quelle miracle un chanson qui évoque les prostituées et les dealers de Broadway a t-elle bien pu arriver en tête des charts en plein milieu des 70’s ? Ça je pense que même Lou lui-même ne le sait pas. Et puis il y a cette sublime conclusion. Goodnight Ladies. Ce morceau où Lou joue le crooner désabusé, accompagné par une impeccable section de cuivres. Parfait. Vraiment.

Je parlais tout à l’heure de Berlin . Le successeur de Transformers . Aujourd’hui chef d’œuvre certifié mais flingué littéralement par les critiques de l’époque ce qui lui avait valu le droit d’atterrir tout droit dans les bacs a soldes. C’est vrai, Lou raconte tout le temps un histoire à travers ses disques. Mais aucun d’eux ne possède la cohérence et l’éclatante noirceur de Berlin . L’album de tout les superlatifs. Le plus déprimant. Le plus noir. Une face B qui ne nous laisse que des larmes. Mais surtout le meilleur album de Lou Reed. Un des meilleurs des 70’s aussi. Il émane aujourd’hui un tel culte autour de cet album que cela en devient vite agaçant. Mais il faut se rendre à l’évidence. C’est lumineusement noir et réellement glauque. Autant, Transformers célébrait les années glam et été produit par un David Bowie pas franchement déprimé, autant Berlin est un vrai disque (de) malade. Produit lui par l’ingénieux génie Bob Ezrin. Coupable entre autre du Killer d’Alice Cooper et plus tard du Wall De Rog...Pink Floyd.

Bon alors pourquoi je fais aujourd’hui cet article splendidement inutile et que je vous ennuie avec mes histoires ? A vrai dire je ne sais pas trop. En fait si. Il faut savoir que Lou Reed a été un des personnages les plus importants de l’histoire du wock’n’woll et qu’il est toujours bon de lui rendre hommage (Lou si tu m’entends...). Toujours en avance de 10 ans. Avec le Velvet et Berlin donc. Mais, malheureusement, il est comme tout les monstres sacrés du rock sur le déclin. Il s’empiffre aujourd’hui en tournant avec Berlin. Il devrait d’ailleurs remettre ça cet été un peu partout en Europe. Ce mercredi sort même un film sur cet album culte, réalisé par Julian Schnabel. Oui tout cela est bien triste je vous l’accorde. Mais que voulez-vous ? Il faut bien transmettre le relais aux générations futures. C’est à ce prix que l’on vit aujourd’hui encore les fantastiques histoire du Lou. Puis il y a cette remarque qui n’est que trop vrai de je ne sais plus qui. I play on your team anyday Lou.

jeudi 20 mars 2008

Mark Lanegan - I'll Take Care of You




Mark Lanegan. On connait tous. Les Screaming Trees. Sa collaboration avec Josh Homme chez les Queens of the Stone Age. Et même sa carrière solo qui devrait bientôt accouché d’un nouvel opus, seconde collaboration avec Iso Campbell. Pourtant dans la carrière de l’atypique songwritter il reste un disque. Merveilleux. Oublié. Poussiéreux. Tout comme les chansons qu’il renferme.

I’ll Take Care of You . Aussi surprenant que cela puisse paraitre c’est un disque de reprises. Uniquement. Et pourtant. Un disque sublime. Où le ténébreux songwritter rend hommage au folk et au blues. Et donc à travers des chansons qu’ils n’a pas écrites. A vrai dire, on s’en doutait un peu. Mais cette fois c’est sûr. Mark a tout d’un érudit. Pas du genre à choisir des classiques. Exit Dylan ou Neil Young. Il sera donc question de Tim Hardin, Buck Owens ou Steven Harrison Paulus. Ces noms ne vous disent rien ? A vrai dire moi non plus. Il y en a même qui n’ont aucune réponse sur Google. Au lieu de simplement étaler sa culture musical, le beau Mark signe un disque magique et atemporel. Des chansons crasseuses et brutes interprétées par le timbre parfait de Lanegan.

Des reprises et un style qui change. Oubliez les précédents albums. Oubliez les Screaming Trees et leur grunge bruyant. Song for the Deaf et son hard-rock. I’ll Take Care of You est un disque sombre. Beau à en pleurer. Tout est clair dès le premier morceau. Carry Home. Un titre dépressif au possible. Pour les longues après-midi de pluie. Les matins de cuites. Les froides soirées d’hiver. Le son est chaud. La voix de Lanegan rassure et entraine. Une ballade dans l’Amérique profonde en compagnie du poète. La route défile. Les verres qui s’enchainent. Et Lanegan. Hypnotique. Qui nous captive. Toujours. Cigarettes, Whisky & Lanegan . Un adage qui conviendrait parfaitement. I’ll Take of You révèle une facette plus sombre de son auteur. Un univers noir. Dépressif. Mais digne. Lanegan ne gémit jamais. Il reste debout.

A l’écoute d’un titre comme Creeping Coastline Of Lights, on se dit qu’il ne s’est vraiment pas trompé dans le choix des morceaux. Un homme de gout. Définitivement. L’interprétation est parfaite. Les cuivres de Consider Me. La voix de fumeur de Lanegan. En soit, avoir (re)découvert de tels trésors rend l’ensemble aussi méritant que de les avoir soit même composés. Un univers plus calme. Mais pas bucolique pour autant. C’est la tempête sous des aspects enchanteurs. Une façade. Seulement. Car les titres sentent parfois la colère. Laissent apparaître le visage tourmenté de l’américain.

Personnage attachant, Mark Lanegan arrive à recréer avec la musique des autres son propre univers. Beaucoup de drogues et d’alcool et un indéniable talents. Un univers tourmenté. Que l’on voudrai voir creuser. Plus souvent. Avec ses propres chansons. Loin du boucan de son groupe d’origine. Ce n’est malheureusement que rarement le cas Quelques titres avec une rythmique plus enjouée offre un peu de répit. C’est toujours aussi beau et plus ou moins dépressif ("Shiloh Town"). Lanegan rend hommage au folk. Soit. Il est pourtant intéressant de constater que d’autres musiciens punk ou grunge avant lui ont toujours exaltés leur attirance pour le folk. Joe Strummer ou Cobain entre autres. Mais l’américain pousse plus loin. Il n’est pas rare qu’il sorte des disque folk plus apaisés. En solo. Toujours.


Pourtant, aucun ne parvient a recréer l’univers unique de I’ll Take Care of You . Son meilleur disque. Tout simplement. Mais également l’un des meilleurs des années 90. Un trésor oublié. A garder précieusement. Que l’on sort parfois. Que l’on hume délicatement. Pour mieux replonger la fois suivante.