Oasis - The Shock Of The Lightning



Transport. Motorways and tramlines. Starting and then stopping. Taking off and landing. The emptiest of feelings. Sentimental drivel. Climbing onto bottles.

jeudi 15 mai 2008

The Strokes - First Impressions of Earth


Et si c'était finalement celui-ci. Le vrai disque gueule de bois des 5 de New-York. L'idée généralement reçue est qu'il s'agirrait de Room on Fire. Disque urbain. Oppressant et singulièrement représentatif de la "Grosse Pomme". Disque torturé et mal-aimé, comparé injustement à une vulgaire redit sans charme d'un premier opus, Is This It?, presque trop beau. Disque gueule de bois fut d'ailleurs le seul terme juste employé à l'époque pour décrire cette ballade nocturne et blafarde dans la nuit de NewYork, entre l'agitation de Time Square et la contemplation du silence sous le ciel étoilé de Central Park.

Et pourtant. Le stress. L’angoisse. Le futur et toutes les incertitudes qu’il comporte. Les thèmes dominants de First Impressions of Earth , troisième opus des Strokes, lui permettent sans mal d’accèder lui aussi à ce titre absolument pas réducteur. Le quintet a pourtant évolué de manière spectaculaire entre 2003 et 2006. D’un point de vue musical en tout cas. Malgré tout l’ambiance arrive à rester la même. L’univers perdure. Et puis, cet album est presque un miracle. Les Strokes ont en si peu de temps frôlé déjà tellement de fois la sortie de route. De fin 2001 à 2004, un tunnel. Les Strokes découvraient le succès, son ivresse et ses revers. Un premier opus plein d’espoir et chatoyant, adulé de tous. Suivit d’un second cynique, plus froid, parfois maladroit mais superbement touchant et inutilement rabaissé par la critique. Le parcours d’un groupe de rock classique a qui tout a souri. Trop. Trop vite. Le fameux Too Much, Too Soon des New York Dolls.

Ce troisième album était donc une sorte de retour des enfers. Un come-back venu de nulle part d’un groupe que tout le monde pensait détruit. Un miracle, certes. Mais pas pour autant un retour en grâce. La faute au critiques. Encore une fois. Et, chose nouvelle à une partie de son public. Et pour cause, First Impressions of Earth n’est pas un disque facile. C’est un album encore plus torturé que le précédent. Anxieux. Moderne dans les thèmes qu’il aborde. Un vrai disque gueule de bois. Voilà c’est exactement cela.

Oh, tout le monde est d’accord sur une chose. Casablancas, Moretti, Fraiture, Valensi et Hammond Jr ont muri. Et le premier des 5 prend une place de plus en plus importante au sein du collectif au point qu’Albert Hammond aille prendre l’air en solo pour nos refourguer ses charmantes compositions bucoliques et rêveuses ( Yours to Keep en 2006). Le son est érigé en symbole de ce changement. Seul le sublime Electricityscape garde les traces de ce son électronique présent sur 12:51 ou The End has no End. Partout ailleurs il est plus dur. Et pour la première fois, produit. Oh, sacrilège impardonnable pour certains. Moins évident de prime mais tellement plus profond. Un poison insidieux et perfide laissant son œuvre agir avec le temps. Tout en douceur. Oh, pourtant tout commençait bien. You Only Live Once est même plutôt porteur d’espoir. Presque un hymne à la vie. Oh, oui jusque là tout allait bien.

Souvenez quand en 2001, une poignée de groupes qui formaient la partie émergée de l’iceberg donnèrent un coup de fouet à toute une génération. Tous en The. Strokes, Libertines, White Stripes, Kills, Vines. Ces groupes qui laissèrent quelques albums d’anthologie. Is This It ? , Up the Bracket , Elephant , Highly Envolved et Keep on your Man Side . Peut-être pas capital d’un point de vu musical. Mais plus sur le point de vue de l’influence. Toute une génération a vécu avec. Comme les précédentes l’ont fait avec Nirvana, les Smiths, Joy Division, les Stones ou les Beatles. Ces 5 groupes avaient la bonne dégaine, étaient là au bon moment. Puis, un jeu de massacre. Les uns ont splitté ou sombré avec un leader mégalo à leur tête pendant que les autres prirent d’autres chemins ou furent tout bonnement oubliés. Au milieu de cela les Strokes donc.

First Impressions of Earth est un album qui fait évoluer fondamentalement la musique des new-yorkais. Alors forcément, c’est un album qui divise. Pour certains un chef d’œuvre. Le meilleur de tous. Pour les autres, un accident. Ou alors la preuve que les Strokes ne valait plus rien. Oh, bien sûr, il possède ses mauvais côtés. Un effet rétro/slash/métal chiant sur la guitare de Valensi. Les guitares et les solos sont peut-être le point le plus discutable de l’album. Celui du, pourtant magnifique, Ize of the World et surtout celui de Vision of Division sont une catastrophe. Pour la première fois aussi, il a de mauvais titres. Oh, bien sûr il y avait déjà quelques titres passables sur les deux précédents albums (Soma, The Way It Is) il y en a ici aussi beaucoup plus. 14 titres dont au moins deux ou trois sont dispensables. La ballade anxieuse et somnambule Killing Lies, pourtant très représentative d’un album insomniaque, qui ne parvient jamais a réellement à décoller. Ou le trop gentil Evening Sun co-écrit par Fabrizio Moretti. Mais c’est aussi ça les années 2000. La nonchalance. L’imperfection. Mais une imperfection empli de charme.

L’album des années 2000. N’en déplaise à certains. Pas seulement et même pas du tout d’un point vue musical. Car First Impressions of Earth est loin d’être parfait. Ce disque est juste si important. Si je vous ai déblatéré tout ça sur les années 2000 tout à l’heure c’est pour comprendre cela. First Impressions of Earth raconte cela : Les années 2000. En porte tout les symptômes. Les Strokes tombent à leur tour dans cette mode qui consiste à balancer tout ses singles au début de l’album. On retrouve donc les 3 singles en plage 1,2 et 3. Moderne également dans ses ventes. A peine plus d’un million, les plus mauvaises du groupe. Ceci est paradoxal alors que les places de la tournée ne se sont jamais aussi bien vendu. Un reflet de l’industrie du disque actuel. First Impressions of Earth traduit notre époque jusqu’au bout.

Mais il ne dépeint pas cette angoissante décénnie d’un point de vue exclusivement musical. Il exprime les craintes de cette jeunesse. Ses peurs et ses espoirs. Ses dérives et ses abus. Raconte ses problèmes. Cette histoire d’amour qui finit mal dans Razorblade. Un thème récurrent chez Casablancas. 14 complaintes qui forment un tout. Comme sur Room on Fire , on retrouve une vraie évolution. Des morceaux qui deviennent de plus en plus anxieux et nihiliste après les 3 singles inauguraux. Un disque qui culmine plusieurs fois. Sur Fear of Sleep. Ce cri déchirant. Un appel au secours angoissant et terrifiant. Au point d’en perdre à son tour le sommeil. Et sur On the Other Side, ce titre presque autobiographique et ce couplet qui fait mal "I hate them all, I hate them all/ I hate myself for hating them/ So drink some more/ I’ll love them all/ I’ll drink even more/ I’ll hate them even more than I did before". Ces moments de réconfort, faisant part de la solitude de Casablancas nous rapproche. C’est ce qui reste quand on a tout perdu.

Tout cela prend tout son sens, se rassemble et se synthétise dans le titre de l’album. Un titre exceptionnel d’ailleurs. Génial. First Impressions of Earth . On leur demande à tour de bras en interview la signification. Sourires. Mystère. A chaque fois. On l’interprète comme on le veut alors. Comme un reflet de ce que verrai quelqu’un qui viendrait de prendre pied sur la Planète Bleue. Un tableau noir. Qui ne donne qu’une envie. Repartir. Fuir. S’échapper.

Les textes sont les plus aboutis et prennent pour la première fois le pas sur les imparables mélodies. Ces fameuses mélodies. Qui tranchent tant avec les textes. Les chansons ont le gout d’un baiser. Mais un baiser amer. On voit un Julian Casablancas au sommet. Ize of the World est peut-être sa chanson la plus aboutie, les paroles sont géniales, subtiles et noires. A l’instar de ce Red LightCasablancas parlent de cette génération qui n’a "rien à dire". Puis parfois on atteint à nouveau les sommets de l’absurde telle qu’on les trouvaient sur Automatic Stop. Ses paroles impénétrables et troubles. Comme dans cet appel à l’aide lancinant joué à l’aide du seul mélotron. Ask Me Anything. Un modèle du genre. "Don’t be a coconut/ God is trying to talk to you". Allez comprendre.

Avec ses moments de grâces, ses défauts, ses qualités et ses textes noirs, terrifiants, incisifs, corrosifs même. Son comportement moderne jusqu’au bout. First Impressions of Earth est belle et bien LA bande-son de ces angoissantes années 2000. Un album faisant le point sur cette décénnie décidément curieuse. Tout l'intérêt d'écrire en 2008 sur First Impressions of Earth réside là. Il faut comprendre. Ce disque capital. Le cri d’une génération.

mardi 29 avril 2008

The Raconteurs - Consolers of the Lonely


Jack White s'est-il perdu dans la riante campagne ricaine?


Il arrive tout les jours de ces albums qui ne met personne d’accord. Le nouvel album de la bande emmenée par Jack White et Brendan Benson est de cela. Il en fut de même pour le dernier album des rayures blanches, autre groupe de Jack White quand il ne part pas parcourir l’Amérique profonde accompagné de ses potes de toujours. Icky Thump tombé l’an dernier, ouvrait à la manière de Get Me Behind Satan en 2005, une nouvelle voie aux White Stripes . Mais voilà exactement à la manière de ce dernier, un bon nombre de fans sortirent du voyage quelque peu déroutés. Les envolées celtiques et presque lyriques de San Andrews ont quelques peu divisé la communauté secrète du groupe de Détroit, groupuscule se réunissant 3 fois par semaine au bois de Savigny/Orge.

Blague à part, il faut dire que cela risque bien de se passer exactement comme cela pour ce Consolers of the Lonely . Passons outre la sortie en forme de pétard mouillé qui se voulait novatrice , car finalement cela n’a pas eu le retentissement attendu. Bref, personne n’en a jamais rien eu à cirer car The Raconteurs n’est pas Radiohead. Il y avait une question en suspens. Jack White allait-il continuer sur la voie de Icky Thump ou retourner à des fondamentaux plus terre à terre ? Les deux premiers titres sont excellents. L’éponyme et le single Salute your Solution. Ça explose, les guitares attaquent. On est heureux comme des gamins. L’intro rêvé.Mais c’est après que ça se gate. Dès la plage 3. You don’t Understand Me. Effectivement. On ne voit pas trop où il veut en venir. Morceau en mid-tempo avec des chœurs agaçant au possible. Accident de parcours se dit-on. On commence réellement à paniquer quand les instruments celtiques arrivent. Là où ils sublimaient les mélodies dans Icky Thump , ils les rendent inertes dans Consolers of the Lonely . C’est tout juste si le timbre de Jack White parvient à rattraper l’ensemble.

C’est en train de devenir une évidence. Jack White ne fait des disques que pour lui. Il invite ses potes et c’est parti pour une jam session qui dure toute la nuit. C’est surement très sympathique dans son canapé avec une bouteille de Jack Daniels à la main. Mais une fois cela posé sur disque on n’en voit plus trop l’intérêt. L’ensemble sonne daté. Désespérément. Il y a bien des morceaux qui rattrapent le tout. Comme ce superbe Carolina Drama en conclusion ou l’incisif Hold Up qui part à 200 à l’heure pour ne plus jamais se laisser rattraper. Sinon tout n'est que sympathique (Many Shades of Black) ou agaçant. A m'instar des cuivres indigestes et lourds comme sur The Switch & The Spurs qui font oublier tout ces bons moments. C’est bien dommage.

On cherche en vain le vain le Jack White flamboyant de White Blood Cells et Elephant . Le brouillard nous fait perdre notre chemin. On s’égare. On pleure. Where are you Jacky ?

1. Consoler of the Lonely
2. Salute Your Solution
3. You Don’t Understand Me
4. Old Enough
5. The Switch and the Spur
6. Hold Up
7. Top Yourself
8. Many Shades of Black
9. Five on the Five
10. Attention
11. Pull This Blanket Off
12. Rich Kid Blues
13. These Stones Will Shout
14. Carolina Drama

jeudi 24 avril 2008

MGMT - Oracular Spectacular



Qui à la vue de cette pochette absolument hideuse a eu envie d'en savoir plus sur les MGMT, nouvelle sensation de la scène psychédélique new-yorkaise? Qui n'a pas tenté de fuir à la vue de leur look totalement trash et rétro? Soyons honnête, pas grand monde. L'auteur de ces lignes le premier. Mais les rumeurs parlant d'un album cyclonique, complètement dingue et barré m'ont convaincu. Mais à vrai dire les dès étaient pipés à l'avance. On entre. Une question en suspens. MGMT résistera t-il à la hype?

On est débarqué sur Time to Pretend. Titre fiévreux. Intense. Malade. Avec un évident penchant schizophrène. Premier single fabuleux. Aidé par un clip à qui tout ces adjectifs conviennent à merveille. Finalement on a peut-être bien fait d'entrer dans ce délire carrément givré. Club un brin enfumé où la décadence freak Of Montreal croise les délires haut perchés dans le ciel Tv on the Radio au détour d'un couloir en spirale. Mais, pour tenter de comprendre comment l'album le plus joyeusement barré de 2008 a pu voir le jour, il faut revenir à l'origine, au background. Là se situe l'essence même du duo. A la base MGMT, c'est Andrew Vanwyngarden et Ben Goldwasser qui se rencontre dès 2002 dans l'université de Middletown, Connecticut. L'histoire de MGMT est à l'image de leur musique. Moderne. Profondément ancrée dans ce début de millénaire. S'en suit une série de concerts où l'on imagine très bien l'ambiance Sex, Drugs & Rock'n'Roll, à travers l'Amérique profonde et puritaine où les new-yorkais, on l'imagine sans peine, ont du faire pas mal de boucan.

Remplie d'influences diverses, la musique de MGMT est pourtant unique et nouvelle. Le minimalisme new wave de Suicide et l'univers labyrinthique de Why? font émerger un fantastique melting pot musical résolument tubesque quelque part entre les expérimentations sonores d'Animal Collective et l'éléctro pop de Klaxons. Moderne. Je l'ai déjà dit je le répète. Pourtant très clairement hanté par le psychédélisme typiquement 60's, aucun qualificatif ne décrit mieux ce délire hystérique qu'aurait pu atteindre Bloc Party avec plus de dérision et sans ce côté rock des stades agaçant. On ne peut s'empêcher de chercher la formule magique de cette musique entêtante agissant comme un drogue d'un nouveau genre.

Les drogues sont d'ailleurs surement l'aspect le plus important chez MGMT. Elles sont partout. Pourtant, on ne les voient pas. Elle passent. Et ne laissent qu'un troublant souvenir. On les croisent dès l'entrée. On aperçois David Bowie assommé, shooté dans un sofa, se disant surement qu'il peut se retirer tranquillement. Enregistré sous hélium à 3 heures du matin, ces 10 brulots absolument jouissifs sont caractéristiques de notre société de l'instantané. Dans 5 ans, MGMT ne sera surement plus qu'un souvenir heureux qu'on se remettra en tête avec amusement en dansant sur les nouveaux "génies" intronisés "maitres du monde" par Pitchfork ou le NME.

Pourtant ses rythmes entêtants et ses mélodies propices a sauter sur les murs, cachent un évident pessimisme. La missive finale Future Reflections notamment, reste indéniablement froide et lucide. And remember what it felt like/ To be alone/ Sitting in the sunlight/ All alone. Le duo a parfaitement compris les enjeux de la musique d'aujourd'hui. Dénoncer cette société d'excès par encore plus d'excès. Faire la fête pour oublier. Ces 10 comptines acidulés et pétillantes auraient très bien pu plagier Bukowski et prendre le nom de "Contes de la folie ordinaire". Cela conviendrait parfaitement. Le tout sans tomber dans les messages politico-écolo-chiant de Radiohead & co. Chacun son job. Celui de MGMT serait de nous emmener dans des cimes nouvelles. On entrevoit même les portes de la quatrième dimension grâce à l'épique 4th Dimensional Transition. Titre fantastique. Tendu. Où tout est toujours tout prêt à tomber en poussière. On résiste tant bien que mal. L'esprit se vide et on s'envole. Car même si les pieds restent solidement attachés dans le sable, la tête elle est déjà loin partie chercher des réponses dans le ciel. Au détour de quelques nuages, on aperçoit des dauphins qui volent. L'histoire n'est peut-être jamais aussi belle que dans les airs après tout.



La vidéo de Time to Pretend, premier single halluciné et hallucinant



Et pourtant, Oracular Spectacular n'est pas l'album parfait. Loin de là. Certains titres poussent trop loin les tentatives psychés d'établir un pont entre les années 2000 et le Summer of Love. Un pont ou plutôt un poignée de main, sur un The Handshake indigeste. L'utilisation effrénée de la reverb par un David Friedmann (Flamming Lips, Mercury Rev) que l'on connait coutumier du fait, agace aussi. Mais une telle tornade, une telle bombe sans retardement nous envoie une dose d'électricité si intense si violente qu'on ne peut que sombrer. Délirante fantaisie et fantastiques délires sont au menu de cet Oracular Spectacular.

Accrochez vous. Cette année 2008 va faire du bruit et les MGMT encore perchés tout là haut au pays des merveilles n'y seront certainement pas pour rien. On sort épuisé. A moitié conscient. Et si tout cela n'était finalement qu'un rêve?

jeudi 17 avril 2008

Belle & Sebastian - If You're Feeling Sinister




Belle & Sebastian
. If You're Feeeling Sinister. Un groupe. Un album. Pour tout amateur de pop indépendante, cet album représente plus qu'un simple disque. Il y eut le petit livre rouge. Il y a désormais le petit album rouge. Un prestance et un classe incroyable. Une petite mélodie qui flotte dans l'air. Une légère mélancolie vous pénètre. Vous venez d'entrer dans l'univers de Belle & Sebastian.

Les premières notes de The Stars of Track & Field s’échappent. On lâche un sourire presque inconscient qui nous trahit déjà. If You’re Feeling Sinister . Le titre aurait certainement dû nous aiguiller. Un rempart infaillible contre la solitude et la tristesse. Deuxième album du groupe écossais, Belle & Sebastian, formé autour de son charismatique chanteur Stuart Murdoch, If You’re Feeling Sinister , d’une magnifique et désarmante simplicité, est un pur chef d’œuvre.

Sûrement le moins travaillé de tous les albums du groupe. Le plus touchant aussi. Pop et mélodique, il n’est pourtant pas facile d’atteinte pour tout le monde. Souvent considéré comme très niais et naïf. Ce qu’il est indéniablement. Pourtant sous ces abords peu recommandables, Belle & Sebastian cache une véritable attirance pour une pop enlevée, inspirée et sublime. Il faut en effet du temps. Du temps pour avoir enfin le privilège de pénétrer dans l’univers du septet écossais. Les uns se jetteront donc sans ménagement sur ce petit joyaux. Les autres, trop aveugles, intimidés ou même jaloux resteront à l’écart, se moquant gentiment et proclamant ironiquement Get Me Away I’m Dying ! Intimiste. Généreuse. Sans aucune exubérance ni prétention. Telle est la pop, typiquement britannique de Belle & Sebastian. Es-ce donc véritablement un hasard si le groupe a longtemps refusé les séances photos et les interviews ? Belle et Seb’ est également un groupe rempli de paradoxes. Les mélodies sont enlevées et presque joyeuses. Et pourtant le chant est touchant et déprimant. Mélancolique et fragile.

Imparable remède contre les longues après midi en solitaire. A l’exception peut-être du vraiment triste The Boy Done Wrong Again. “All I wanted was to sing the saddest songs/ If somebody sings along I will be happy now”. On est promené de ballades en ballades. Déportés, on suit le cours du disque sans effort ou presque. On perçoit le long de cet oubli, si beau qu’il en parait presque irréel, la luxuriance des paysages et des arrangements. Les cuivres de Judy and the Dreams of Horses. L’harmonica qui fait signe ici et là. On peut Belle et (Sebastian...) bien tenter de résister à cette pop charmeuse d’une perfection agaçante. Mais quand on se rend enfin compte que tout nos efforts de luttes, de défenses, sont vains et inutiles, on se laisse enfin porter. Oublier. On est bien au pays des rêves.

Notre relation à cet album est longue et complexe. Plus qu’un simple disque. Cet univers bien plus tortueux qu’il en a l’air met en éveil tout nos sens. C’est à chaque fois pareil. On pose le disque sur la platine. Puis c’est immédiat. On se prend à rêver de cette douce mélancolie qui tourne et retourne sans interruption. Et quand soudain on revient à nous c’est pour s’apercevoir que 6, 7 écoutes ont passé. A l’image de cette parfaite pochette. Que l’on tient près de nous. Comme un trésor précieux. Cette image. Qui reste en tête. Un femme rêveuse. A moitié endormie. Un livre ouvert. Près d’une fenêtre. Ouverture sur un monde utopique. Ephémère voyage au pays des songes. En pleine Verve brit-pop (puis Oasis, Blur, tout ça), un havre de paix dans un monde sûrement trop turbulent. Un monde trop rapide. Dans lequel il faudrait prendre le temps de se poser. Si je devais retenir un message du Petit Album Rouge ce serai surement celui-ci. S’assoir alors que tout bouge autour de nous. Contempler le temps. L’espace. Pour finalement se sentir seul.

Car et si finalement il n’était question que de ça. D’oubli. De solitude. De la peur de l’extérieur. “Cause the word out on the street is you are starving/ Dont let yourself grow hungry now/ Dont let yourself grow cold/ Fox in the snow”. Finalement oubliez ce que je vous ai dit. If You’re Feeling Sinister n’est pas un rempart contre la solitude. C’est d’ailleurs tout l’inverse. Elle n’est jamais aussi grande qu’en écoutant un tel disque. On s’en rend compte au fur et à mesure que l’on avance dans le disque. Et les mélodies souvent accueillantes et chatoyantes de Murdoch ne font illusion qu’un temps. Un mirage. Pour finalement faire apparaître un désarroi plus grand. Qu’il fallait en fait chercher. Longtemps. Encore et encore. If You’re Feeling Sinister n’est finalement qu’un album dépeignant la détresse. D’une manière si humaine qu’elle n’en est que plus belle. Quelques chansons font encore trompe l’oreille malgré l’épreuve du temps (Mayfly, Me & The Major), mais ce ne sont que quelques taches de verdures perdues dans un univers brumeux. Trempé.

Sinon tout n’est que pesant silence et solitude désespérée. Le ciel s’épaissit en fait petit à petit. La pluie commence à tomber. En même temps que nos rêves. Et quand sonnent les premières mesures de The Boy Done Wrong Again, plus rien ne compte. Simplement. Merci.



  1. "The Stars of Track and Field" – 4:48
  2. "Seeing Other People" – 3:48
  3. "Me and the Major" – 3:51
  4. "Like Dylan in the Movies" – 4:14
  5. "The Fox in the Snow" – 4:11
  6. "Get Me Away From Here, I'm Dying" – 3:25
  7. "If You're Feeling Sinister" – 5:21
  8. "Mayfly" – 3:42
  9. "The Boy Done Wrong Again" – 4:17
  10. "Judy and the Dream of Horses" – 3:40
Sortie 18 Novembre 1996
Enregistré Ca Va Studio, Glasgow
Genre Pop Charmeuse
Durée 41 minutes 17

Label Jeepster Records
Producteur Tony Doogan

mercredi 9 avril 2008

Pakside - Cables




Que se passe t-il quand deux des rédacteurs de l'Indierockmag (RabbitIYH et moi-même) décidons de défendre coute que coute la plus grande révélation de ce début d'année, à savoir les hollandais de Parkside? Enfin, révélation est un bien grand mot puisqu'un manque de reconnaissance cruelle touche ce collectif qui le mérite tellement. Ça donne en tout cas une chronique pleine d'envie et flairant le joyeux bordel pas toujours contrôlé. On espère sincèrement que vous courez à la découverte de ces aventuriers du son après l'avoir lu. Filez sur Myspace, LastFM qui distribue tout les titres ou Paypal pour vous procurez ce disque. Mais faites quelque chose. Et vite. Enjoy!

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En ce début 2008 décidément bien riche, surgit Parkside. Autant le dire tout de suite. La révélation de l’année. Mais ce Cables au titre aussi étrange qu’énigmatique ne vient pas pour autant de nulle part.

Car cet album, à la rédaction d’Indie Rock Mag, on l’attendait depuis 2006 et quelques morceaux découverts au détour d’un player alors que l’on faisait nos premiers pas sur myspace, se demandant encore s’il était vraiment possible de tomber sur un tel groupe encore inconnu ou si l’ivresse de la nouveauté (cette façon encore neuve pour les artistes de faire connaître leurs univers en mettant leurs chansons à disposition des internautes, en allant carrément les chercher "chez eux" pour créer un rapport de proximité encore inimaginable quelques années auparavant) nous avait fait perdre toute capacité de jugement.

Mais quelques écoutes plus tard d’un EP encore tout chaud offert en libre téléchargement, The Desintegration Service , et on était définitivement rassuré, et assuré d’avoir mis le doigt sur une étoile en devenir.

Il aura depuis fallu deux ans au groupe pour accoucher de ce deuxième album tant attendu au moins par nous (le premier était paru en 2003 dans la confidentialité), et mois après mois nous en découvrions les morceaux sur myspace, tant et si bien qu’à sa sortie en mars nous connaissions déjà, en comptant les deux titres présents sur le fameux EP, deux bons tiers des chansons. Certains attendaient de l’entendre pour y croire, les autres en étaient déjà persuadés, Cables allait marquer le rock en 2008. Après tout, que fallait-il encore à Parkside pour réussir son coup ? Une poignée de morceaux capables de se hisser à la hauteur de ceux déjà connus, un tracklisting assez bien construit pour dépasser la simple somme de ses parties... tout ce qui fait un grand album, en définitive, si l’on y réfléchit. Avec le recul, nous aurions donc dû avoir peur. Mais le souvenir d’une session live tout bonnement extraordinaire pour Fabchannel.com ne laissait aucune place au doute dans nos esprits. Avec raison.

Quelque part entre les constructions mouvantes et schizophrènes de Radiohead, la fièvre et l’intensité de dEUS, l’onirisme aventureux des Flaming Lips et les nappes électro planantes de The Notwist, Cables est ainsi, d’ores et déjà, l’un des tout meilleurs albums de 2008. Rien de moins. Un labyrinthe sonique qui devrait en laisser plus d’un à terre. Les premiers titres posent les bases d’un album à la fois complexe et accrocheur, angoissant et flamboyant. Le reste, construit sur ces solides fondations, se chargera de vous achever une bonne fois pour toutes. Les sonorités électroniques procurent un léger côté malsain qui ne fait qu’ajouter à l’attrait de ces chansons aussi troublantes que fascinantes. Mais quelques morceaux comme le touchant An Angel In The Afternoon nous prouvent s’il était besoin que Parkside est également capable de maîtriser à la perfection toutes les sonorités pop. "Pop" étant néanmoins un mot par trop réducteur pour qualifier la musique particulièrement hybride de ces hollandais pas comme les autres.

De fait, partant à la découverte d’horizons musicaux dont la profondeur de champ n’a d’égale que la richesse et la luxuriance, Parkside n’a pas attendu d’être reconnu pour se lancer à l’abordage de ces nouvelles contrées sonores. C’est peut-être ce qui déroutera l’auditeur peu averti, qui préfèrera le confort de paysages plus classiques ou plus chatoyants. Car dans ce voyage vers nulle part et partout ailleurs, on a parfois l’impression de se perdre dans une immensité déroutante qui ne sera pas sans rappeler Autechre ou Radiohead période Kid A / Amnesiac . Tout cela s’entend dès le premier morceau The Disintegration Service - quel titre ! - avec cette intro d’électro déréglée sonnant comme une rencontre entre Lali Puna et le label Warp, qui cède bientôt la place à un rock minimal nourri au dub de Bristol avant de s’ouvrir à une luxuriance d’arrangements de cordes et de claviers à coller le frisson. Le groupe fait alors figure d’aiguilleur du ciel. Son but : nous guider, en commençant par nous introduire à son univers ouvert aux quatre vents et pourtant profondément singulier, autiste même si l’on en croit cet hymne à l’inadaptation en tant que mode de vie assumé par le songwriter René de Wilde et ses amis. Cables est donc un album qui se mérite. Mais une fois apprivoisé il se révèle enfin. Comme tout les grands albums, le chemin pour l’appréhender dans son entier est tortueux. Ça monte et ça descend. Parfois la pente est abrupte et l’on peine à garder la cap, mais de-ci de-là des titres plus faciles d’accès nous aident à continuer. On ne saurait les remercier suffisamment. Car parvenu au sommet, c’est un régal. Un paysage d’une richesse rarement égalée s’offre à nous à perte de vue. Tant et si bien que dès les premières écoutes, l’album semble pratiquement inépuisable.

Parkside alternera ainsi brillamment jusqu’au dernier morceau de Cables ambiances plombantes, refrains planants, envolées lyriques, accès de rage et plongées au pays des songes. L’impressionnant Stay Connected étant peut-être le titre qui symbolise le mieux les nombreux contrastes et paradoxes de cette musique étrange, barrée mais pourtant si proche, qui n’a assurément pas fini de nous passionner.


lundi 7 avril 2008

Contact

En attendant le retour des chroniques, pour très bientôt, j'en profite pour dire que pour toute suggestion/questions/commentaires vous pouvez me contacter ici casablancas@indierockmag.com
J'essaie toujours de répondre dans la mesure du possible. N'hésitez pas!

lundi 24 mars 2008

Love You Lou




A vrai dire, j’avoue volontiers que je réécoute aujourd’hui sans mal tout les albums de Lou Reed. Même les plus mauvais et il y en a. Mais pas Transformers . Trop évident ou facile. Pourtant j’ai ressorti la chose hier. Et je vais être honnête. Cela faisait longtemps qu’en dépoussiérant un album je n’avais pas été autant bouleversé. Même si je préfère de loin Berlin ou Coney Island Baby , force est de reconnaitre de cette plongée au cœur du New York des années 70 en compagnie du Rock’n’Roll Animal est sublime. Parfaite de bout en bout. Lou signe une performance sans faute tout du long. Un disque paradoxal Transformers . L’album de tout ses (seuls ?) succès. Vicious, Perfect Day, Satellite of Love et... Walk on the Wild Side bien sur. Tout est là. C’est ce morceau qui comporte le plus grand paradoxe de Lou. Comment a t-il bien pu signer un des plus grands succès des 70’s sans jamais avoir une culture du single et bien au contraire ? Et puis par quelle miracle un chanson qui évoque les prostituées et les dealers de Broadway a t-elle bien pu arriver en tête des charts en plein milieu des 70’s ? Ça je pense que même Lou lui-même ne le sait pas. Et puis il y a cette sublime conclusion. Goodnight Ladies. Ce morceau où Lou joue le crooner désabusé, accompagné par une impeccable section de cuivres. Parfait. Vraiment.

Je parlais tout à l’heure de Berlin . Le successeur de Transformers . Aujourd’hui chef d’œuvre certifié mais flingué littéralement par les critiques de l’époque ce qui lui avait valu le droit d’atterrir tout droit dans les bacs a soldes. C’est vrai, Lou raconte tout le temps un histoire à travers ses disques. Mais aucun d’eux ne possède la cohérence et l’éclatante noirceur de Berlin . L’album de tout les superlatifs. Le plus déprimant. Le plus noir. Une face B qui ne nous laisse que des larmes. Mais surtout le meilleur album de Lou Reed. Un des meilleurs des 70’s aussi. Il émane aujourd’hui un tel culte autour de cet album que cela en devient vite agaçant. Mais il faut se rendre à l’évidence. C’est lumineusement noir et réellement glauque. Autant, Transformers célébrait les années glam et été produit par un David Bowie pas franchement déprimé, autant Berlin est un vrai disque (de) malade. Produit lui par l’ingénieux génie Bob Ezrin. Coupable entre autre du Killer d’Alice Cooper et plus tard du Wall De Rog...Pink Floyd.

Bon alors pourquoi je fais aujourd’hui cet article splendidement inutile et que je vous ennuie avec mes histoires ? A vrai dire je ne sais pas trop. En fait si. Il faut savoir que Lou Reed a été un des personnages les plus importants de l’histoire du wock’n’woll et qu’il est toujours bon de lui rendre hommage (Lou si tu m’entends...). Toujours en avance de 10 ans. Avec le Velvet et Berlin donc. Mais, malheureusement, il est comme tout les monstres sacrés du rock sur le déclin. Il s’empiffre aujourd’hui en tournant avec Berlin. Il devrait d’ailleurs remettre ça cet été un peu partout en Europe. Ce mercredi sort même un film sur cet album culte, réalisé par Julian Schnabel. Oui tout cela est bien triste je vous l’accorde. Mais que voulez-vous ? Il faut bien transmettre le relais aux générations futures. C’est à ce prix que l’on vit aujourd’hui encore les fantastiques histoire du Lou. Puis il y a cette remarque qui n’est que trop vrai de je ne sais plus qui. I play on your team anyday Lou.