Il flotte comme un air de vacances prolongées dans le parc de St Cloud en ce Jeudi 28 Aout. Bonne humeur, queues interminables, bière chaude et débardeur. Bienvenue dans le plus grand camp(ing) de vacances de la région parisienne. Encore plus fort que Paris Plage, Rock en Seine !
Petite visite des lieux, on se rend compte que le prix des consommations est astronomique. Pourtant il y a plus de stands de restauration que d’étoiles dans l’univers. Curieux. On se dirige vers la scène de la Cascade pour la première attraction de la journée, These New Puritans. Grosse déception. La groupe arrive avec une bonne demi-heure de retard et ne parvient jamais à décoller. 4 musiciens…ou plutôt 3, la seule présence féminine du groupe restant cloitrée derrière son MAC. Elle faisait un pinball et répondait à ses mails diront les mauvaises langues. Le plus triste étant que ce n’était peut-être pas impossible… Heureusement que Hot Chip chauffe la grande scène avec son énergie habituelle. Seul bémol, à l’instar de son inégal deuxième album Made in the Dark , le groupe termine son set avec une bancale ballade. Dommage. Tiens une case horaire vide. Enfin pas tout à fait puisque The Do bidouille sa difforme marmelade sans sucre sur une scène de la Cascade pleine comme un œuf. Déprimant. Alors on en profite pour aller se faire dédicacer ce que l’on peut par Tricky au stand F*AC –Eh non ! Pas de pub sur l’Indie Rock Mag ! Poignée de main, félicitations pour son dernier album et sourires lorsqu’il se rend compte que l’on partage le même prénom. C’est déjà ça.
Retour à la scène de la Cascade qui fait le plein pour les Dirty Pretty Things, surement le concert le plus jeune de ces deux jours. Plus générationnel que réellement bon, Carl Barat, dont le seul mérite est au final d’avoir participé à l’aventure Libertines, et sa troupe feront danser et bouger le public comme jamais depuis le début du festival. Surprenant lorsqu’on a entendu son dernier disque franchement moisi. Défoulant.
L’heure est ensuite au rassemblement de masse sur la Grande Scène pour les Kaiser Chiefs. A la faveur d’un mouvement de foule durant la radiophonique Ruby on se retrouve au premier rang. Aucune surprise pour la suite. Un show calibré de groupe de stade mais efficace. Du déjà fait 132 fois avant eux mais on se prend au jeu. Angry Mob est repris par la foule et tous les titres provoquent l’hystérie d’un public déjà tout acquis à la cause des anglais. Rigolo.
Les choses deviennent sérieuses à 21 heures lorsque Tricky, qui n’a pas changé de tenue vestimentaire entre temps, fait son apparition au domaine national. Le petit gars de Knowle West a pris du volume et livre un show où il se donne à fond. Peut-être même un peu trop, tant est si bien que l’on a parfois l’impression qu’il joue plus pour lui que pour le public. Qu’importe. Les morceaux de Knowle West Boy sont encore plus phénoménaux en live. Council Estate est parfaite, et Puppy Toy prend une dimension incroyable. La choriste et les musiciens sont parfaits. REM peut trembler.
Car c’est ensuite autour du groupe d’Athens, Georgie, USA –tout cela est toujours aussi bizarre à écrire m’enfin bon- d’entrer en scène sur la plus grande d’entre elles. Privilège de tête d’affiche, les écrans géants –bien abimés soit dit en passant- ne font pas que retransmettrent bêtement la performance mais bénéficient d’une mise en scène qui rappelle étonnamment Radiohead. Bad Day entame les hostilités d’une foule qui a pris 25 ans en quelques heures depuis les Kaiser Chiefs. Sans grande surprise, le trio –accompagné de plusieurs musiciens studio- livre une performance sérieuse, rodée et plus que correct. On notera la beauté fracassée d’un Drive encore plus émouvant que sur disque et la clameur du public sur Imitation of Life et Losing my Religion. Mais c’est le dernier morceau du set principal, le génial It’s The End Of The World qui remportera la palme. Pas transcendant, mais très plaisant.
On revient le lendemain. C’est une performance lorsqu’on est revenu par un métro bondé où la mort par asphyxie n’était jamais loin. On savoure donc d’être encore en vie et on apprécie Louis XIV sur la grande scène. Carré, très pro devant une audience assez réceptive malgré la chaleur qui s’abat sur Paris en ce vendredi, les américains font le boulot, même si le chanteur rappelle beaucoup trop Jack White. Pour ce dernier il faudra attendre encore quelques heures.
On attend nettement plus de dérision de la part de Jamie Lidell sur la Cascade. La chaleur est accablante est l’anglais est rigolo. Problème il entame son set par une expérimentation de 20 minutes qui semblent en durer 370. Et en plus ça fait du bruit…beaucoup de bruit. Mais lorsqu’il entame l’interprétation de son dernier disque, Jim -dont on a toujours autant de mal à se dire qu’il est sorti sous Warp- le spectacle décolle. Lidell fait ressortir sa vraie nature de frontman accompagné par la batterie du non moins rigolo Mocky. Sur Little Bit Of Feel Good, Gonzales prend le piano et on se retrouve avec une paire de patronymes superbement ridicule. Ça saute, ça plaisante ("On m’a dit que cette chanson passe à la radio…on va voir si c’est vrai") et ça chante. Bref, Jamie Lidell, c’est rigolo, ça fait du bruit et c’est même parfois très bon. A la fin du concert on récupère un vinyle gracieusement distribué par le staff.
Entendu allongés depuis les transats du stand S*R, le set de The Roots parait très sérieux et le combo ose même des reprises de Sweet Child O’Mine et Immigrant Song. Pro.
On se masse ensuite pour les Raconteurs après avoir hésité avec les Black Kids se disant finalement que j’ai assez soutenu ces loosers de Jacksonville comme ça. Grosse affluence sur la grande scène. Et quand le quartet débarque au son de Consolers of the Lonely, on se retrouve une nouvelle fois dans les premiers rangs. Finalement les mouvements de foule ont du bon. Sauf que garder sa place est bien plus difficile que lors du reste des concerts. La pression est énorme et niveau ambiance le concert est fantastique. Et le plus drôle c’est qu’on ne donnait pas cher de cette performance après le plus que moyen Consolers of the Lonely . Mais pourtant les morceaux, débarrassés de leurs embarrassants cuivres, cordes et cœurs sont fantastiques. Many Shades of Black, lourd et agaçant, devient puissant et génial. Sur Steady as she Goes, seul compte le mouvement de la foule qui vibre comme une seule personne. Au milieu du set Jack White lance un timide “You’re all here for Amy Winehouse ? She won’t Come” L’audience rigole. Sauf que Jacky, lui, n’a pas l’air de rigoler. Sauf que ça on ne le sait pas. Pas encore. On commence à comprendre lorsque les hommes de Nashville remontent pour un rappel d’une demi-heure. La nouvelle tombe. Amy Winehouse ne viendra pas. Huées du public. Encore plus prévisible que le show des Kaiser Chiefs pourtant.
Tout le monde se console en réclamant Justice (oh !). La scène de la Cascade, pas habituée à une telle affluence déborde de tous les côtés. Les français jouent à un volume effrayant et on regrette bien de ne pas avoir pris de bouchons d’oreilles. Pourtant ça n’empêche pas le show d’être excellent. Caché derrière son mur de Marshall, le duo fait danser un public qui se donne à fond pour oublier. La sono pète deux fois –durant Phantom notamment, de loin le meilleur morceau du duo. Dommage- et Justice s’en va au bout d’une bonne heure sans que cette dernière ne soit totalement faite.
C’est maintenant autour de Mike Skinner et The Streets d’avoir la lourde tâche de remplacer la Wino sur la Grande Scène. L’enjeu est grand. Faire plaisir à 30 000 personnes qui ne sont pas venues pour lui. Et pourtant. Le concert est énorme. Moins intimiste qu’il aurait été sur la petite scène de l’Industrie, mais le groupe se fait plaisir. Et bien vite le public se prend au jeu, danse et chante. Mike s’en donne à cœur choix, fait sauter le public, le fait chanter et même…s’asseoir ! Il ose des millions de blagues sur Amy « Je me fous de la gueule du monde » Winehouse « As You Can see I’m not Amy Winehouse ! » ou encore « Amy ? She’s in London, she’s smoking crack ! » et fait chanter une bonne dizaine de fois le refrain de Rehab a un public joueur. Turn the Page et It’s Too Late du génial Original Pirate Material sont magiques. C’est l’extase lorsque, durant le rappel, se rapprochant de plus en plus du public, il finit par traverser la foule et finir par un slam sur une foule aux anges pour regagner la scène. Beau, honnête et superbe. "I have you and you have me" lâche t-il. Cliché, bateau mais sincère donc touchant. Tout le contraire de la présumée tête d’affiche du festival. Ce soir, Mike Skinner et son groupe a mouché tout le monde et offert le plus beau concert du festival, accompagné d’une leçon d’humilité, qu’Amy & co. ferait bien mieux de retenir. Merci.